SECTEUR 1

Pour démontrer le degré de crainte, il existe en Côte d’Ivoire ce qu’un panéliste
appelle des rédactions invisibles qui ne risquent pas d’être vandalisées. L’émission
le Club de la Presse diffusée par la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI) et
animée par un journaliste de renom a été arrêtée parce que, souligne le panel,
les participants ont déclaré sur les ondes qu’une émission allait être consacrée
à la célébration de l’anniversaire des onze années de la rébellion, et que des
journalistes de toutes les tendances éditoriales allaient y être invités.
L’exemple du journaliste Zio Moussa est aussi assez éloquent tel que relaté
au cours des discussions du panel. Zio Moussa a animé pendant onze ans la
chronique des Arts et Lettres sur les ondes de la radio nationale, et pourtant à
l’issue d’un numéro de cette émission, il a reçu une lettre du directeur général de
la RTI lui annonçant la suspension de sa chronique qui, selon les termes utilisés,
n’intéresse plus personne. Cette suspension ferait en réalité suite à la diffusion
d’une chronique portant sur «la femme blanche et l’homme noir» inspirée du
livre de Frantz Fanon intitulé «Peau noire, masques blancs». Ceux qui ont écouté
la chronique ont assez vite fait le parallélisme avec le Président de Côte d’Ivoire
qui est mariée à une épouse d’origine européenne.
Le panel, en définitive, est d’avis qu’en Côte d’Ivoire, on ne s’exprime pas sans
crainte. On n’écrit pas aussi sans crainte. Le journaliste Joseph Titi en a vécu
l’amère expérience d’avoir été emprisonné pendant une semaine à la Maison
d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA) pour ses écrits, selon un panéliste,
alors que le Conseil national de la presse avait bel et bien indiqué au procureur
de la République que le journaliste n’avait commis qu’une erreur disciplinaire qui
devait être sanctionnée comme telle.
Même lorsqu’un citoyen ou un journaliste est arrêté pour ses opinions, les
enquêteurs le font attendre pendant des heures avant de l’entendre. Dans
certains cas, cette crainte pousse à la censure ou à l’autocensure. Une panéliste
souligne que cela est directement subi dans les médias d’Etat, de la part des
patrons de presse.

Le pointage:
Notes individuelles:
1

Pays ne répond pas aux critêres d’indicateur

2

Pays couvre seulement quelques aspects d’indicateur

3

Pays répond à plusieurs critêres d’indicateur

4

Pays répond à la plupart des critêres d’indicateur

5

Pays répond à tous les critêres d’indicateur

Moyenne de l’indicateur:

14

BAROMETRE DES MEDIAS AFRICAINS Côte D’Ivoire 2016

2.1 (2012 = 2.9, 2009 = 3.0)

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