de presse. Le gouvernement place régulièrement des annonces institutionnelles (appels à manifestation d’intérêt ou appels d’offres) dans les organes qui lui sont proches. Le Code de la communication adopté en 2016 dispose de la législation sur l’audiovisuel qui n’est pas encore mise en œuvre. Les institutions et organes prévus par cette loi ne sont pas encore mis en place. En l’absence de l’organe de régulation de l’audiovisuel, c’est le Ministère de la Communication qui donne l’agrément pour l’octroi de licence qui est pour l’instant gelé. L’ANRCM devant réguler l’audiovisuel est instituée par la loi, mais n’est pas encore mise en place. La loi sur la communication donne des garanties d’indépendance à l’ANRCM à travers la composition de ses membres. Les licences sont accordées dans l’intérêt des notables et de ceux qui ont des pouvoirs politiques, économiques ou religieux. L’Office de la Radio et de la Télévision de Madagascar (ORTM) est le diffuseur public qui comprend la TVM (la chaine de télévision nationale) et la RNM (la radio nationale). La TVM et la RNM ont un Conseil d’Administration (CA) où siègent des fonctionnaires représentant des ministères et dont la présidence est assurée par le Secrétaire Général du Ministère de la Communication et de la Culture. Ce CA n’est donc pas indépendant car l’administration y garde une mainmise. L’indépendance éditoriale de l’ORTM n’est pas garantie par la loi ni appliquée. L’ORTM n’est pas bien financé : son budget de fonctionnement est assuré à 30% par le gouvernement. Les 70% restant proviennent des recettes publicitaires et des diverses prestations de service. Les programmes de l’ORTM sont diversifiés. Ils mettent particulièrement l’accent sur les contenus locaux et régionaux. Le traitement des informations par les journalistes est souvent sujet à caution : la frontière entre les faits et les commentaires est mince, voire inexistante. Les commentaires tendancieux et intéressés remplacent les faits. Cette situation est alimentée par la grande disparité de niveau entre les journalistes. Cependant, des journalistes expérimentés font bien leur travail. Il n’existe pas d’organe d’autorégulation. L’Ordre des Journalistes de Madagascar (OJM),1 qui est consacré par la loi, a reçu le mandat de garantir les règles d’éthique et de déontologie. Le Salaire Minimum d’Embauche (SME) est à 200 000 ariary (54 USD). Cependant, certains organes de presse continuent de payer leurs journalistes à moins de 200 000 ariary (54 USD), voire à 150 000 ariary (40 USD) pour les débutants qui parfois n’ont même pas de contrat de travail. Les entreprises de presse ne recrutent pas souvent de journalistes qualifiés. Cela encourage la pratique du « felaka ».2 Cependant, certains organes essaient d’offrir un salaire décent et d’assurer des prestations sociales : couverture santé, pension, assurance, et autres à leurs employés. Un nouveau syndicat de journalistes est en gestation avec des démarches déjà effectuées. Par ailleurs beaucoup d’associations professionnelles sont actives, 1 2 9 Dans son article 59, le Code de la communication médiatisée prévoit que le conseil de l’ordre des journalistes s’érige en conseil de discipline pour connaitre des manquements du journaliste aux règles d’éthique et de déontologie. Pots-de-vin sous forme d'argent remis dans une enveloppe pour remercier les journalistes de leurs services. BAROMÈTRE DES MÉDIAS AFRICAINS MADAGASCAR 2019