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Un panéliste reconnait que « certes, il y a le cas de la FESCI qui est une sorte de
monstre. Mais c’est un cas qu’il faut régler autrement ». A son avis, la Fédération
reste un cas isolé qui ne signifie en rien qu’il y a une peur de s’exprimer.
Un autre membre du panel pense que les entraves à la liberté d’expression ne
sont pas aussi négligeables et isolées qu’on veut le faire croire. Au paroxysme de la
crise politico-militaire, les ivoiriens affichaient leur origine géographique ou leur
appartenance ethnique non sans crainte. En 2004, lors de l’Opération Dignité
lancée par les autorités pour reconquérir par la force Bouaké et, partant les zones
sous contrôle rebelle, des journalistes et des rédactions (Le Patriote, Le Nouveau
Réveil, 24 Heures, Le Libéral, ….) ont été attaqués à Abidjan par les Jeunes
Patriotes qualifiée par l’un des panélistes de « groupe déviationniste ». Les jeunes
partisans du Président Laurent Gbagbo se sont également signalés en janvier 2006
par l’occupation de la RTI (Radiodiffusion Télévision Ivoirienne) et par une série
d’agressions contre les journalistes et les organes de presse favorables à l’opposition
politique et aux Forces Nouvelles. Ils réclamaient, cette fois là, le départ des
Casques Bleus et de la Force Licorne de la Côte d’Ivoire.
Au plan judiciaire, la dépénalisation des délits de presse n’empêche pas le Procureur
d’avoir, par un artifice de procédure, une possibilité d’écrouer des journalistes en
les convoquant parfois en fin de semaine et en les plaçant en garde à vue. Le
27 février 2007, le directeur de publication et un journaliste du Nouveau Réveil,
respectivement Denis Kah Zion et André Silver Konan, ont ainsi été convoqués
à la brigade de recherche de la gendarmerie nationale et placés en garde à vue
pour « délit d’offense au Chef de l’Etat », suite à un article paru une semaine
auparavant. Le même jour, des journalistes du quotidien l’Inter, le rédacteur en chef
Charles d’Almeida et le journaliste politique Hyppolite Oulaï étaient également
convoqués par la gendarmerie au sujet d’un article mettant en cause le Président
de la République dans l’affaire des déchets toxiques déversés à Abidjan.
Il reste que bien avant la crise politico-militaire et sous le régime de la loi de 1991,
les journalistes ivoiriens ont connu une période encore plus sombre, marquée par
la condamnation de journalistes à de lourdes peines de prison.1 C’est pendant
cette période qu’un ministre, le Général Ouassina Gaston, fit administrer une
inadmissible correction corporelle au journaliste Aboudramane Sangaré de La
Voie pour un titre à la « une » allusif à l’honneur de sa famille.

			
1 En 1994, le directeur de publication de Le Patriote Hamed Bakayoko, le directeur de publication de La
Voie Aboudramane Sangaré et les journalistes Souleymane T. Senn, Jacques Préjean, César Etou, Freedom
Neruda ont été condamnés à des peines allant de 1 à 3 ans de prison pour divers chefs d’inculpation.

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BAROMETRE DES MEDIAS AFRICAINS Côte d’Ivoire 2009

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