SECTEUR 1 1.6 Les sources confidentielles d'information sont protégées par la loi et / ou par les tribunaux. La loi camerounaise « reconnaît et garantit » la protection des sources d’information, qui « ne peuvent être levées que devant le juge et à huis clos » (Loi sur la Liberté de la Communication Sociale, 1990, Article 50). Les interprétations juridiques de l’implication de cette disposition varient. La possibilité pour un journaliste de révéler ses sources d’information devant un juge, même à huis clos, ne va-t-elle pas à l’encontre de l’objectif qui est de protéger ces sources? De l’avis d’un panéliste, « dès que vous êtes appelé(e) à révéler votre source, même à huis clos, la source n’est plus protégée ». D’un autre côté, certains panélistes soutiennent que « le but de la divulgation d’une source devant un juge est de protéger le journaliste, puisque dans certains cas, l’identification de la source est la seule preuve que le journaliste n’a fait que présenter des informations qu’il avait recueillies, et qu’il n’a pas publié d’allégations non fondées étant le fruit de son imagination. Par conséquent, la divulgation à huis clos protège quand même la source. » En dépit du débat sur cette disposition de la loi, les panélistes étaient unanimes pour dire qu’aussi loin qu’ils se souviennent « aucun journaliste au Cameroun n’a jamais eu à révéler une source devant un juge ». En pratique, la pression que subissent les journalistes pour révéler leurs sources se présente sous la forme d’intimidation de la part des forces de sécurité, d’autres agents des forces de l’ordre et des fonctionnaires puissants. « Où que vous alliez, la première chose qu’on vous demande est d’identifier votre source. Personne ne remet en question la véracité de l’information, » a déclaré un panéliste. En dehors du cabinet du juge, il n’existe aucune voie juridique obligeant les journalistes à révéler leurs sources. Pourtant, « les gens essayent d’utiliser d’autres moyens et menaces pour obtenir des informations sur les sources. » Par exemple, en 2014, les gendarmes ont fait pression sur l’éditeur de l’Emergence, l’un des quelques quotidiens du pays, pour qu’il révèle une source après que le journal a publié une histoire prétendant que le passeport du Président de l’Assemblée Nationale avait été confisqué par la police judiciaire. Étant moins intéressés par le fait de savoir si l’information était vraie ou pas, ils ont poursuivi leur tactique d’intimidation en demandant « comment osez-vous dire ça à propos du Président de l’Assemblé Nationale »; suggérant ainsi qu’il était une sorte de demi-dieu ayant une intégrité que les simples mortels tels que les journalistes ne pouvaient se permettre de mettre en doute. BAROMETRE DES MEDIAS AFRICAINS Cameroun 2014 17