SECTEUR 1

1.3 Il n’existe pas de lois, ni des parties de la
législation, limitant la liberté d’expression telles
que des lois excessives sur le secret d’Etat, les
faits diffamatoires, les exigences légales qui
restreignent l’entrée dans la profession de
journaliste ou des lois qui empiètent de façon
déraisonnable sur les fonctions des médias
En contradiction avec la Constitution, les panélistes décrivent un contexte dans
lequel de nombreuses lois ont été créées pour restreindre la liberté d’expression
au Cameroun.
La plupart des restrictions législatives à la liberté d’expression ont un caractère
insidieux. À titre d’illustration, la loi autorise les autorités administratives à
maintenir l’ordre public; et ce pouvoir a été utilisé à plusieurs reprises pour
interdire des manifestations, des marches de protestation et des conférences de
presse. À la lecture des lois, y compris de la loi de 1990 sur la communication
sociale, la notion d’ordre public reste vague et sujette à une interprétation
ouverte, ce qui donne la latitude aux autorités administratives de les invoquer de
manière discrétionnaire. En 2015, une conférence de presse sur «la gouvernance
électorale et l’alternance démocratique» a été interdite à Yaoundé. Les autorités
souhaitaient que les organisateurs, une coalition d’organisations de la société
civile et de syndicats, modifient le thème de la conférence de presse, au motif
que le débat public sur l’alternance démocratique pourrait potentiellement
porter atteinte à l’ordre public. Des failles similaires de la législation incluent
des infractions telles que «atteinte à l’honneur, à la dignité, à la considération,
à la réputation ou la vie privée» d’une autorité publique ou d’un dignitaire.
Cette disposition du Code pénal a été utilisée en 2017 pour détenir un citoyen
américain né au Cameroun, Patrice Nganang, pendant plusieurs semaines pour
un post sur Facebook qui aurait menacé le président Paul Biya. Le professeur
Nganang a été arrêté à l’aéroport au moment où il s’apprêtait à quitter le pays,
après avoir effectué des descentes dans les régions anglophones en crise.
En outre, le Cameroun dispose de plusieurs lois qui restreignent directement la
liberté d’expression. Il s’agit, entre autres, des lois pénales sur la diffamation et
le secret. Au début de cette année, les médias se sont fait l’écho de l’arrestation
d’au moins 16 fonctionnaires en raison de la divulgation de notes de service
confidentielles et d’autres documents officiels par le biais des médias sociaux.
Selon un reportage de « Voice of America (VOA) » du 20 avril 2018, parmi
les documents divulgués, figuraient des exemplaires anticipés des discours
présidentiels et des notes de service demandant aux agents de sécurité de
restreindre les voyages à l’étranger de certaines personnalités. Les autorités
ont cité la réglementation sur le secret administratif et le secret lié à la sécurité
nationale pour condamner la divulgation de documents officiels et menacer les
fonctionnaires et d’autres sources de fuite potentielles.

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BAROMÈTRE DES MÉDIAS AFRICAINS CAMEROUN 2018

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