SECTEUR 1

d’informations non vérifiées. En outre, au milieu de l’année 2018, les autorités
militaires ont interdit aux soldats d’utiliser les médias sociaux, après une série
d’images montrant des soldats qui auraient torturé des citoyens et incendié des
villages, devenues virales sur les médias sociaux.
En dehors de la crise anglophone et de la lutte contre Boko Haram, certains sujets
restent tabous et montrent que des limites sont imposées à la liberté d’expression
et à la liberté de presse au-delà de l’appareil d’Etat. En effet, ces dernières
années, les pratiques commerciales de la multinationale française «Le groupe
Bolloré», qui gère plusieurs entreprises dans le pays, en constituent un exemple
criant. En 2016, les salles de rédaction, y compris les journaux et les chaînes
de télévision les plus influents du pays, ont manqué d’esprit critique à l’égard
du déraillement d’un train exploité par Camrail, société contrôlée par le groupe
Bolloré, alors qu’une enquête gouvernementale, dans ses conclusions, tenait
pour responsable cette entreprise qui avait pris des mesures ayant entraîné cet
accident. Contre toute attente, certains journalistes du pays ont pris la défense
du groupe Bolloré lors d’une affaire de diffamation impliquant des journalistes
de TV5. En outre, alors que PHP, entreprise agro-industrielle dirigée par le groupe
Bolloré, a été critiquée pour des présumés cas de mauvais traitements infligés à
des travailleurs, cette affaire n’a pas fait l’objet d’un traitement particulier dans
les médias camerounais. Il n’est pas rare d’entendre que le groupe Bolloré utilise
à la fois son influence sur les pouvoirs publics et la publicité pour faire taire les
reportages critiques sur la nature de ses activités.
Les atteintes à la liberté d’expression prennent des formes à la fois directes et
subtiles. La police et les procureurs auraient recours à des accusations inventées
de toutes pièces à l’effet de punir, au nom du gouvernement, des citoyens pour
leurs opinions. «Il se peut que vous disiez quelque chose aujourd’hui et les
autorités attendent même trois ans jusqu’à ce que vous ayez une dispute avec
votre voisin pour s’en prendre à vous», a déclaré un panéliste. «Il est possible
que l’on ne vous accuse pas d’avoir tenu des propos insultants sur les autorités.
Le conflit avec votre voisin sert de prétexte pour vous punir pour ces opinions.»
Un autre intervenant a déclaré que même lors des réunions, en particulier celles
convoquées par le gouvernement, «les gens font attention à ce qu’ils disent pour
ne pas se mettre dans de beaux draps».

Notation:
Notes individuelles:
1

Pays ne répond pas aux critêres d’indicateur

2

Pays couvre seulement quelques aspects d’indicateur

3

Pays répond à plusieurs critêres d’indicateur

4

Pays répond à la plupart des critêres d’indicateur

5

Pays répond à tous les critêres d’indicateur

Moyenne:

70

BAROMÈTRE DES MÉDIAS AFRICAINS CAMEROUN 2018

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2.8 (2008 = 2.6; 2011 = 2.7; 2014 = 3.1)

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