politique éditoriale vise à promouvoir le programme d’action du gouvernement,
il y a de timides tentatives de faire bouger les lignes. Le budget de la CRTV est
loin d’être suffisant pour couvrir ses frais de fonctionnement. Elle tire ses revenus
des subventions de l’État, de la publicité et des redevances, ce qui l’a poussée
à créer une agence de publicité à l’effet d’accroître ses revenus. Cependant, en
dépit de ses ressources limitées, la CRTV couvre un plus large éventail de sujets
et de communautés que n’importe quel autre média.
Après analyse du paysage m��diatique dans son ensemble, les panélistes affirment
que la qualité de l’information laisse à désirer. Les informations publiées dans
les médias sont souvent incomplètes, non recoupées et parfois simplement
créées de toutes pièces; derrière certaines informations, se cache un agenda
politique. Seule une poignée de journalistes s’évertuent à respecter les normes
professionnelles. Il existe quatre codes d’éthique volontaires au Cameroun; ceuxci ne sont pas vraiment appliqués. Jusqu’à présent, toutes les tentatives pour
faire respecter un code d’éthique ont avorté.
Les journalistes ont généralement des salaires très bas, voire inexistants. Lorsqu’ils
existent, les salaires sont parfois irréguliers. Il est des cas où les journalistes
doivent tirer leurs revenus de pourboires et de per diem lors de la couverture
d’évènements. Seuls les membres du personnel du secteur public bénéficient
de revenus relativement élevés et réguliers. Dans ces conditions, la corruption a
rapidement fait son nid dans ce secteur. Les pourboires et les pots de vin sont
appelés «gombo» ou «communiqué final». Les journalistes ne se contentent
pas d’accepter les pots-de-vin: ils exigent d’être soudoyés par des organisateurs
d’évènements, des fonctionnaires, etc. À une certaine époque, le ministère de
l’Économie disposait de 500 millions de francs CFA (environ 1 million de dollars
américains) dans son budget annuel pour «le service de la presse».
Le Cameroun a plusieurs associations et syndicats de journalistes. Mais leur
impact est limité. Quand ils se font trop entendre, ils peuvent être considérés
comme des fauteurs de troubles par les autorités et les propriétaires de médias.
Dans ces conditions, pour préserver leur emploi, la plupart des journalistes
choisissent de rester à l’écart de leurs activités.
L’autocensure est répandue dans les médias camerounais. À titre illustratif,
les journalistes doivent faire attention lorsqu’ils font des reportages sur le
mouvement séparatiste anglophone par crainte de représailles de la part des
autorités ou du mouvement séparatiste lui-même. Les annonceurs ou les
partenaires économiques sont également traités avec soin.
Les opportunités de formation continuent à se développer au Cameroun avec
la création de nouvelles écoles et institutions. Certaines universités offrent
également une formation formelle. Des organismes nationaux et internationaux
organisent parfois des formations sur des modules spécifiques, à l’étranger ou sur
place au Cameroun. La CRTV dispose d’une école de formation de journalistes,
de producteurs, de caméramans et de personnel assimilé.

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BAROMÈTRE DES MÉDIAS AFRICAINS CAMEROUN 2018

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