le divertissement, la beauté, la culture et la société, qui ne sont pas considérés
comme des sujets intéressants.
Le radiodiffuseur d’État s’efforce de représenter équitablement la voix de
la société. Ses stations régionales offrent une programmation locale et des
émissions en langues locales. Ce n’est pas toujours le cas dans les médias privés,
où certains journaux ont tendance à avoir une orientation ethnique.
La politique prédomine dans la couverture médiatique au Cameroun. Des efforts
notables sont déployés pour couvrir les enquêtes, mais la crainte de se retrouver
dans une «mauvais situation » limite parfois ces initiatives. En outre, les salles de
rédaction n’ont pas souvent les compétences et les ressources nécessaires à la
réalisation d’enquêtes. En fait, les organes privés de communication audiovisuelle
se préoccupent davantage de gagner un large public. À cet effet, ils diffusent des
programmes qui font appel à un vaste public.
Le Cameroun a adopté plusieurs lois portant régulation du secteur des technologies
de l’information et de la communication (TIC). Mais ce foisonnement législatif est
sous-tendu par la nécessité de protéger les populations contre les dérives liées
à ce secteur en pleine évolution plutôt que par le désir de promouvoir les TIC.
Le gouvernement utilise la publicité comme un moyen de pression sur la ligne
éditoriale des médias. En effet, lorsqu’il reçoit de la publicité du gouvernement,
un média peut attendre jusqu’à un an avant d’être payé. Entre-temps, il doit
choisir les sujets à traiter avec soin à l’effet d’obtenir le règlement de la facture
de ces annonces publicitaires. Certains panélistes ajoutent que le gouvernement
tente même d’influencer la publicité des entreprises privées. Le marché de la
publicité se rétrécit. À titre d’illustration, les sociétés de téléphonie mobile, qui
représentent une grande partie de ce marché, utilisent désormais leurs propres
services pour atteindre leurs clients.
Au Cameroun, la communication audiovisuelle est régie par un décret du
Premier ministre publié en 2000. Depuis lors, deux chaînes de télévision ont
obtenu des licences de diffusion. Les autres exercent leurs activités sous le
régime de la «tolérance administrative», ce qui les rend vulnérables. Le pays
n’a pas de commission de communication audiovisuelle. Le Conseil national
de la communication (CNC), dont les membres sont nommés par le Président
de la République, s’intéresse à l’éthique et aux normes. Jusqu’à présent, il a
fait preuve d’une résistance surprenante aux pressions politiques. Cependant,
il ne parvient toujours pas à se défaire de la mauvaise réputation qui lui colle
à la peau: celle d’être l’instrument utilisé par le gouvernement pour étouffer
les médias. Cette mauvaise perception est due à certaines sanctions sévères
prises contre les médias et les professionnels des médias. En outre, le CNC a
été incapable de gérer une répartition équitable du temps d’antenne entre
les partis politiques pendant les campagnes électorales. Le parti au pouvoir et
ses candidats continuent à dominer l’actualité électorale sur la Radiodiffusiontélévision du Cameroun (CRTV), le diffuseur d’Etat. Son conseil d’administration
est nommé par l’État et présidé par le ministre de la Communication. Même si sa

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BAROMÈTRE DES MÉDIAS AFRICAINS CAMEROUN 2018

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