Au Cameroun, les médias ont proliféré depuis la libéralisation du secteur, dans les années 1990 pour la presse écrite et en 2000 pour le secteur audiovisuel. En 2016, le pays comptait 600 journaux, 120 stations de radio et 60 chaînes de télévision, pour une population de 22 millions de personnes. La radio reste la source d’information la plus populaire en raison de sa large couverture et de son accessibilité. Les journaux ont connu une forte baisse avec un tirage parfois inférieur à quelques centaines pour la plupart d’entre eux. La presse en ligne ne représente encore qu’une infime partie du paysage médiatique, mais elle se développe rapidement. Les médias nationaux et internationaux sont accessibles sans restriction. Cependant, ces deux dernières années, en raison de la crise qui sévit dans les régions anglophones, les autorités ont interdit la « Southern Cameroon Broadcasting Corporation (SCBC), » au motif de son penchant pour les séparatistes anglophones. Des distributeurs de télévision par câble et par satellite ont également été arrêtés dans la région du Nord-Ouest pour avoir inclus SCBC dans leurs bouquets. Radio France Internationale et « British Broadcasting Corporation » émettent localement sur la bande FM. « Cameroon Tribune », le journal à capitaux publics, subit une ingérence directe dans ses activités. Son équipe dirigeante est nommée par le gouvernement et est sous la tutelle du ministère de la Communication. La loi de 1990 sur la communication sociale vise à améliorer la transparence de la propriété des médias. Mais il existe des failles qui facilitent la dissimulation de l’identité des propriétaires. Certains panélistes soupçonnent des titulaires d’une charge publique de posséder des médias. Cette loi tente de restreindre les concentrations et les monopoles de médias. Mais dans ce cas encore, elle est largement ignorée. Au moins deux concentrations de médias sont bien connues; le groupe L’Anecdote possède Vision 4 Télévision, Satellite Fm et le journal L’Anecdote, tandis que La Nouvelle Expression, Equinoxe TV et Radio Equinoxe appartiennent à une même personne. Malgré l’existence d’un paysage médiatique diversifié au Cameroun, il n’y a pas de politique claire pour assurer la viabilité de ce secteur. En effet, au mieux, les organes de presse se démènent pour rester en activité. Le gouvernement a institué une aide financière annuelle à la presse privée d’environ 150 à 250 millions de francs CFA (près de 270 000 à 450 000 dollars américains). Mais cette enveloppe est loin d’être suffisante compte tenu des centaines de médias qui ont droit à une part de ce montant. Les voix et les préoccupations masculines prédominent dans le contenu des médias. Il s’agit d’un reflet de la société camerounaise dans son ensemble. Les hommes dominent la vie publique. Quand les femmes font l’actualité, il s’agit, en règle générale, des sujets domestiques, des questions liées à la mortalité infantile et maternelle, du viol, de l’adultère, de la prostitution, de la pauvreté, des épidémies, etc. Le nombre de journalistes de sexe féminin dans les salles de rédaction est en augmentation, en particulier dans les chaînes de télévision. Mais, en général, elles sont chargées de couvrir des secteurs tels que la santé, 62 BAROMÈTRE DES MÉDIAS AFRICAINS CAMEROUN 2018