Les autorités peuvent également utiliser le code pénal pour traiter des infractions médiatiques telles que les faits diffamatoires et les délits de diffamation. Cependant, en général, ces infractions sont désormais traitées par le Conseil national de la communication (CNC), que la loi autorise à fermer des médias ou à censurer des journalistes. Certains panélistes soutiennent que le CNC ne se plie pas toujours aux instructions d’en haut et s’efforce de travailler en toute indépendance. Mais, en règle générale, il ressort des débats que cet organe est sous la coupe du pouvoir exécutif. Il est accusé d’avoir délivré des cartes de presse à 350 agents de sécurité. Le Cameroun a ratifié la plupart des instruments régionaux et internationaux sur la liberté d’expression mais ne les honore pas toujours. En vertu de la loi, les publications écrites ne sont pas tenues d’obtenir une autorisation mais les procédures pratiques constituent une autorisation de fait. Un journal a besoin d’un récépissé préfectoral avant de pouvoir prétendre à une existence légale complète. En principe, la protection des sources d’information est garantie par la loi (article 50 de la loi de 1990 sur la communication sociale).Mais dans la pratique, les juges ont recours à toutes sortes de moyens techniques pour faire pression sur les journalistes afin qu’ils divulguent leurs sources. Même les organismes privés tiennent à connaître les sources des journalistes lorsqu’ils sont pris à partie par les médias. Les panélistes soulignent que les médias ont fait preuve de plus en plus de résistance aux pressions exercées sur eux pour les contraindre à révéler leurs sources d’information. L’information publique n’est pas facilement disponible au Cameroun. Il n’existe pas de loi sur la liberté d’information pouvant garantir l’accès à l’information publique, ce qui amène donc les journalistes à compter sur les dénonciateurs ou leurs relations personnelles. Mais ils se sentent vulnérables dans leur travail de recoupement de l’information, car il peut leur être demandé de justifier la manière dont ils ont obtenu une information et les sources de celle-ci. Le Cameroun n’a aucune exigence administrative en matière d’enregistrement de blogs et de sites Web. Cependant, depuis 2017, les autorités ont bloqué au moins deux fois l’accès à l’internet dans les régions anglophones tourmentées. Cette mesure visait à empêcher les activistes indépendantistes de faire circuler l’information. Mais, dans ces deux régions, des voix se sont élevées pour dénoncer un châtiment collectif infligé par le gouvernement pour les actions d’une poignée d’individus. Une loi adoptée en 2015 autorise les organismes publics à fermer les sites Web. Il n’y a pas de réelle synergie entre les médias et les organisations de la société civile (OSC). En fait, les OSC ont tendance à considérer les médias comme corrompus et peu fiables. La législation sur les médias est l’émanation du gouvernement et toute tentative d’ouverture de concertation est regardée avec suspicion par les professionnels des médias. 61 BAROMÈTRE DES MÉDIAS AFRICAINS CAMEROUN 2018