Baromètre des Médias Africains
Cameroun 2018
Résumé
La Constitution camerounaise est ouverte et s’inspire de la Déclaration
universelle des droits de l’homme, de la Charte des Nations unies, de la Charte
africaine des droits de l’homme et des peuples, et d’autres traités et conventions
internationaux. Elle garantit, entre autres, la liberté d’expression, la liberté
d’association, la liberté de religion, la liberté des médias et le droit de grève.
Le Cameroun a adopté une loi sur la communication sociale en 1990. Cette loi
définit le cadre juridique dans lequel s’exerce la liberté des médias. Elle donne
également des définitions de base des pratiques médiatiques et des professionnels
des médias, et énonce les conditions d’octroi de licences de diffusion. Aux dires
de certains critiques, ces conditions peuvent parfois être restrictives, en particulier
celles relatives à l’aspect financier. Ils font également allusion à la notion de
«troubles à l’ordre public», vaguement définie par la loi. En conclusion, ils
estiment que cette loi n’est pas complète, et préconisent la promulgation d’une
loi sur les médias abordant la pratique du journalisme dans le pays.
Dans les faits, les gens continuent à «regarder en arrière» ou à «soigner leur
langage» lorsqu’ils s’expriment en public. En effet, il peut être «risqué de dire
la vérité» dans certaines circonstances. C’est le cas d’un journaliste qui a été
condamné à une peine d’emprisonnement par un tribunal militaire pour avoir
dissimulé des informations aux autorités. L’existence d’une loi contre le terrorisme
rend difficile la tâche des journalistes quant à savoir ce dont ils peuvent parler en
toute sécurité. Cette difficulté se vérifie particulièrement avec les activités de la
secte islamique Boko Haram et du mouvement indépendantiste dans les régions
anglophones du pays. Dans ces régions, les autorités bloquent parfois l’accès à
l’internet, à l’effet de limiter l’utilisation des médias sociaux à des fins de partage
d’informations.
Concernant la liberté d’expression, certains panélistes pensent qu’il est
préférable pour la population de mesurer ses propos afin d’éviter de se retrouver
du ‘mauvais coté’.
De l’avis de certains panélistes, la Constitution du Cameroun étant ouverte,
les autorités ont adopté des lois insidieuses qui restreignent la liberté. À titre
d’illustration, des personnes peuvent être arrêtées pour troubles à l’ordre public
en vertu des dispositions de la loi de 1990 sur la communication sociale. Ils citent
le cas bien connu d’un citoyen américain né au Cameroun, Patrice Nganang,
qui a été détenu pendant plusieurs semaines pour avoir prétendument menacé
le Chef de l’État dans un post sur Facebook: M. Nganang avait visité les régions
anglophones en crise. Il existe également des lois pénales sur la diffamation et le
secret. En début 2018, seize fonctionnaires ont été arrêtés en vertu de ces lois,
au motif de la divulgation du discours du Chef de l’État.

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BAROMÈTRE DES MÉDIAS AFRICAINS CAMEROUN 2018

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