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Pour étayer leurs arguments, les panélistes qui estiment que la liberté d’expression
n’est pas effective évoquent notamment de nombreuses interventions de la Haute
Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication, les plaintes déposées par des
autorités et les menaces qui planent sur les journalistes. Un panéliste cite le cas
de journalistes qui ont été convoqués et proprement tancés par la HAAC dont ce
journaliste qui avait réalisé un dossier sur l’indépendance du pays.
D’une part, certains panélistes estiment que ce droit n’est pas effectif ou ne l’est,
tout au plus, qu’en apparence. A l’appui de ce point de vue, l’un des participants
évoque des interventions intempestives de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et
de la Communication dans le travail des journalistes et des médias.
D’autre part, certains panélistes pensent que le droit à la liberté d’expression est
effectivement exercé par les citoyens dont les journalistes. Mais, ils reconnaissent
que sa jouissance dépend des circonstances.
Quant à s’exprimer librement sans crainte, les panélistes sont unanimes à dire que
les citoyens, y compris les journalistes, usent de ce droit « à leurs risques et périls ».
Depuis l’élection présidentielle de mars 2010, la chronique des médias est remplie
d’agressions et de menaces dirigées vers les journalistes et les techniciens de la
communication. Parmi les incidents les plus récents, on peut citer les menaces
d’un conseiller français de l’armée togolaise, le colonel Romuald Letondot, contre
le reporter photographe togolais Didier Ledoux, en marge d’une manifestation
réprimée de l’opposition le 10 août 2010. Deux semaines plus tard, le même
photojournaliste était victime d’un enlèvement suivi de bastonnade par des
gendarmes devant le Palais de justice de Lomé. Toujours durant ce même mois
d’août, l’Union des Journalistes Indépendants du Togo (UJIT) tirait la sonnette
d’alarme au sujet de menaces d’élimination physique de journalistes de journaux
et de radios privées.
Durant la même période, pas moins de 7 journaux ont été assignés en justice dont la
plupart par le Président de la République en personne. A l’une de ces publications,
le Chef de l’Etat ne réclamait pas moins de 100 millions de FCFA pour l’avoir
impliqué dans une affaire de mœurs. La période électorale a également été très
éprouvante pour les médias. En février 2010, la radio Dawul de Bassar (dans la
région de Kara, à 400 km de Lomé) et ses responsables ont reçu des menaces de
la part des autorités administratives et judiciaires locales pour avoir diffusé un
communiqué annonçant une caravane du Front Républicain pour l’Alternance
et le Changement (FRAC), cadre unitaire de l’opposition. Le 13 mars 2010, le
correspondant de l’Agence France Presse au Togo était agressé cette fois-ci par
des militants de l’opposition qu’il avait pris en photo pendant une manifestation
de l’Union des Forces de Changement (UFC).

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BAROMETRE DES MEDIAS AFRICAINS TOGO 2010

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