plus détenir un mandat électif politique. Cependant dans les faits, le pouvoir
politique intervient dans le processus. Par exemple, quatre des neuf membres de la
HAAC sont nommés à la discrétion du Président de la République, même si c’est
dans le respect de critères définis. Certains pensent tout de même que c’est aux
membres de la HAAC de prendre leur responsabilité et que l’organe de régulation
peut être indépendant.
Il n’y a pas de conseil d’administration pour le diffuseur publique. Il dépend
directement du ministère de tutelle et son budget est inclus dans celui du ministère.
Le Directeur Général est nommé après avis de la HAAC, mais un panéliste tient à
préciser qu’il est révocable à tout moment. Il découle de ce statut que le diffuseur
public ne jouit pas de l’indépendance éditoriale. Seule la radio publique couvre
la totalité du territoire national. Pour la télévision, il y a encore quelques poches.
D’après le panel du baromètre, le diffuseur public fait un réel effort pour diversifier
ses programmes et refléter les différents courants de la société. Mais ces efforts
trouvent leurs limites dans le domaine politique. Ici, le diffuseur public déploie
beaucoup d’ingéniosité pour éviter les questions qui peuvent heurter le pouvoir
en place. C’est seulement pendant les périodes électorales où, en respect des
dispositions réglementaires, les temps d’antenne sont répartis selon des critères
convenus.
Au plan du contenu local, le panel a noté quelques initiatives louables comme le
journal des régions à Radio Lomé, et l’utilisation des langues locales. Quant à la
télévision publique, elle envoie des équipes collecter des informations dans les
régions pour diffusion. Mais elle manque de moyens et ne le fait vraiment que lors
des déplacements du chef de l’Etat à l’intérieur du pays.
Enfin, la radio communautaire est un phénomène relativement nouveau au Togo.
Elle n’est donc pas encore prise en charge par la loi.
Les médias ont créé un Observatoire Togolais des Médias (OTM). Il s’agit d’un
tribunal des pairs qui veille aux normes professionnelles et à la déontologie. L’OTM
tient son autorité du fait que ses avis sont pris en compte dans l’attribution de
l’aide à la presse. Cependant, il ne bénéficie pas de la confiance de l’ensemble des
organes de presse. On lui reproche en effet d’émettre souvent des avis favorables
aux autorités.
Le manque de formation fait que, selon certains panélistes, les journalistes
inventent parfois des informations ou ne vérifient pas les faits avant exploitation.
Ils sont également sujets à la manipulation. Les panélistes ont aussi donné une
explication historique à cet état de fait. D’après eux, les premiers journalistes
étaient surtout des militants politiques, des « combattants de la liberté ». D’où le
parti pris manifeste dans la plupart des journaux encore aujourd’hui.

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BAROMETRE DES MEDIAS EN AFRIQUE togo 2010

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