Toutefois un panéliste invite à ne pas généraliser le manque d’objectivité des médias au Togo. Il estime qu’il y a des médias qui font du bon travail. Seulement les populations veulent « une presse de défoulement ». Les médias professionnels se vendent donc difficilement. L’investigation ne semble pas être le fort des médias togolais. Certains panélistes avancent que c’est dû au manque de formation alors que d’autres indiquent qu’il y a bel et bien eu des formations dans ce domaine sans que cela ne change la situation. Les panélistes estiment qu’il y a un effort pour prendre en compte l’égalité des sexes dans les médias togolais. L’exemple cité est Madame Claudine Akakpo, Directrice de l’Agence Togolaise de Presse (ATOP). Mais s’il y a de plus en plus de femmes journalistes sur le terrain, leur promotion se heurte parfois à des questions culturelles et sociales. L’autocensure est une pratique courante dans les médias togolais. Dans le secteur public en particulier, les journalistes se retiennent volontairement par crainte pour leur emploi. Dans le secteur privé, c’est surtout la crainte d’agressions, du fait des personnes citées, qui motive l’autocensure. Celle-ci porte surtout sur les questions politiques et économiques, et parfois quand les patrons de presse sont impliqués dans des faits. D’ailleurs, d’après les panélistes, les patrons de presse empiètent « systématiquement » sur l’indépendance éditoriale des médias. Il arrive tout de même que des journalistes s’opposent à cette interférence en invoquant la clause de conscience, ou parfois quittent l’entreprise de presse pour protester. La corruption est endémique dans les médias togolais d’après le panel. Des organes de presse reçoivent de l’argent pour adopter une certaine ligne éditoriale et les patrons de presse acceptent que leurs journalistes reçoivent de l’argent. En période électorale des organes de presse acceptent de l’argent pour couvrir un candidat donné. Enfin, les événements où les journalistes sont susceptibles de percevoir des per diem sont particulièrement courus. Ces per diem sont connus sous l’appellation de « gombos ». Les conditions de travail dans les médias togolais sont déplorables. Les journalistes perçoivent en moyenne trente à quarante dollars US par mois. Certains journalistes travaillent même bénévolement et survivent grâce aux « gombos ». Dans de rares cas, les salaires peuvent aller jusqu’à deux cents dollars US par mois. Les conditions générales de travail sont caractérisées par la faiblesse des moyens logistiques. Il existe des structures de formation au journalisme au Togo et les associations des médias s’efforcent de former leurs membres dans ces structures. BAROMETRE DES MEDIAS EN AFRIQUE togo 2010 9