SECTOR 1

1.2
Le droit à la liberté d’expression s’exerce et
les citoyens, y compris les journalistes, revendiquent
leurs droits sans crainte.
De l’avis unanime des membres du panel, la liberté d’expression a connu un net
recul ces dernières années en Algérie.
Les manifestations publiques sont officiellement interdites en Algérie depuis le
18 juin 2001. A cette date, le pouvoir central a pris cette mesure en réaction aux
sanglantes émeutes du printemps 2001 en Kabylie et, surtout, après la fameuse
marche organisée par la communauté berbère, le 14 juin à Alger. Affluant de
toutes les parties du pays et principalement de la région kabyle, des centaines de
milliers de manifestants s’étaient donné rendez-vous dans la capitale pour déposer
à la Présidence de la République une plateforme revendicative (« Plateforme d’El
Kseur » contenant quinze revendications « non négociables » de la communauté
berbère). Ces remous et la violente répression qui s’en est suivie auraient coûté
la vie à près de 130 personnes dont deux journalistes tués accidentellement alors
qu’ils assuraient la couverture de la marche du 14 juin.
Le panel évoque également le cas du journaliste Abdelhaï Belliardouh qui, à la
suite d’un article paru dans El Watan le 20 juillet 2002, a été « tabassé » devant
sa famille, traîné dans la rue et torturé pour avoir mis en cause le président de la
Chambre de commerce et d’industrie des Nememchas (Est de l’Algérie) dans le
financement du terrorisme et le blanchiment de l’argent des Groupes islamiques
armés (GIA). Selon un communiqué d’El Watan dont Abdelhaï Belliardouh était
le chef du bureau à Tébessa, ni la police ni la gendarmerie ne se sont portées au
secours du journaliste supplicié. Humilié et marqué à vie, Abdelhaï Belliardouh a
tenté de se suicider le 19 octobre 2002 en avalant de l’acide pur, avant de succomber
à ses blessures un mois plus tard dans un hôpital d’Alger où il avait été évacué.
Aussi, les journalistes ont-ils payé un lourd tribut aux troubles politiques des années
90. En tout, 110 journalistes et assimilés ont été assassinés par les « terroristes
islamistes » entre 1993 et 1997. Dans un classement établi en 2007, l’Algérie
occupe la 6ème place pour le nombre de journalistes tués durant la décennie 19962005, avec 32 victimes, juste derrière l’Irak, la Russie, la Colombie, les Philippines
et l’Inde (Source : www.almanach-dz.com).

“Ils exercent cette
liberté sans crainte
peut-être. Mais, sans
risque ; ça, c’est autre
chose”

14

Outre les menaces sur l’intégrité physique du journaliste, le
panel note que la crainte est devenue surtout économique.
L’Etat, à travers l’Entreprise Nationale de Communication,
d’Edition et de Publicité (ANEP), utilise l’arme de la
publicité, surtout celle émanant du secteur public, pour
tenter de mettre la presse au pas.

BAROMETRE DES MEDIAS EN AFRIQUE ALGÉRIE 2009

Select target paragraph3