Il est difficile de dire que l’État cherche à bloquer ou à filtrer le contenu de
l’Internet au Bénin. Jusque-là, aucun site d’information ou autre média en ligne
n’a été bloqué par le gouvernement, ni sur sa demande officielle. Mais, le fait
d’exiger des promoteurs des sites d’information de se faire enregistrer auprès
de la HAAC, pousse à dire que les pouvoirs publics-qui ne disposent pas de
capacités techniques pour bloquer les sites hébergés à l’extérieur-savent qu’ils
n’auront aucune peine à bloquer les sites hébergés sur le territoire à travers
l’opérateur historique qu’est Bénin Telecom.
Lorsque la presse et la liberté d’expression sont attaquées, on assiste souvent à
la mobilisation de la société civile pour défendre les causes des médias. Mais ces
efforts sont dispersés, non coordonnés et en grande partie inefficaces.
Les autorités ont procédé à de vastes consultations avec les acteurs des
médias avant d’élaborer et de promulguer le Code de l’information et de la
communication et la loi sur la radiodiffusion numérique terrestre. Mais le Code
du numérique hautement controversé n’a pas bénéficié d’une approche similaire.
La téléphonie mobile bénéficie d’une forte croissance au Bénin. La radio reste la
principale source d’information pour les populations éloignées et analphabètes,
alors que l’Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin (ORTB) couvre environ
80% du territoire national. Depuis quelque temps, La Nation, le journal de
service public semble avoir perdu son indépendance éditoriale, et affiche de plus
en plus de titres et contenus favorables aux seules autorités gouvernementales.
Il est légal de posséder une télévision, une radio et un journal en même
temps. Mais les journaux sont tenus de révéler le nom de leurs propriétaires
et actionnaires. L’aide de l’État à la presse privée est ouverte à tous les organes
de presse ayant une existence légale. Mais du fait entre autres de sa gestion
controversée, la dizaine d’années d’existence de cette manne financière n’a pas
favorisé l’émergence de véritables entreprises de presse. Elle n’a toutefois pas été
accordée depuis 2015 année où elle s’élevait à 350 millions de francs par an (près
de 600.000 dollars américains).
Les médias publics qui constituent une exception dans le financement des médias
voient leurs subventions diminuer. Pourtant des propositions pertinentes avaient
été faites au cours des derniers états généraux de la presse pour que les organes
de service public disposent de véritables budgets financés par les taxes perçues
à leur profit.
Les reportages et les programmes d’information montrent que les hommes
continuent de dominer les femmes en termes de présence dans les médias. Mais
les médias s’efforcent de produire un contenu qui répond aux attentes de la plupart
des groupes sociologiques et des intérêts différents. Cependant, les couvertures de
l’actualité politique et des faits de société sont toujours plus abondantes.
Le journalisme d’investigation fait toujours défaut au Bénin. Car les organes
de presse privée, notamment dans la presse écrite, ont un nombre limité de

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BAROMÈTRE DES MÉDIAS AFRICAINS BÉNIN 2018

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