SECTEUR 1

Dans cette atmosphère de satisfaction par rapport à l’effectivité de la liberté
d’expression, le panel trouve toutefois qu’il existe des restrictions. Il est en effet
d’avis qu’il existe des cas où les autorités ont eu à sévir, empêchant les citoyens, y
compris les journalistes de s’exprimer. Un journaliste a eu à en faire les frais dans
le quartier d’Adidogomé, où il a été poursuivi par des inconnus. Il y a eu de fortes
présomptions portant à penser que l’’Etat était derrière ces menaces contre le
journaliste, selon des panélistes.
Mais d’autres estiment que les représailles ne viennent pas forcément de l’Etat.
Un panéliste avance qu’il arrive que des citoyens s’autocensurent de peur que
d’autres moyens ou des représailles soient utilisés pour les faire taire. En guise
d’exemple, il déclare que, de plus en plus, des fonctionnaires qui tiennent à jouir
de leur droit à la liberté d’expression ne sont pas licenciés de la Fonction publique,
mais se voient attribués des bureaux avec aucune possibilité de gérer des dossiers
dignes d’intérêt. Une manière de dire que ces dissidents sont mis au garage ou
affectés en province, pour reprendre les termes du panéliste. Dans une télévision
comme la TVT (Télévision togolaise, télévision d’Etat), le fait de mentionner durant
la présentation du journal qu’une grève a lieu dans la fonction publique peut être
une source d’ennuis pour l’auteur.
D’une manière générale, si la liberté existe dans les médias, il appartient aux
journalistes d’assumer leurs responsabilités. Car, à partir du moment où les textes
de loi stipulent que le journaliste ne peut pas aller en prison pour ses écrits,
certains citoyens, se sentant attaqués dans les médias, estiment devoir redresser
eux-mêmes les torts qu’ils estiment avoir subis. Ce phénomène ’est d’ailleurs
élargi à la société dans son ensemble selon les impressions du panel. Une radio
publique a été obligée de cacher un leader politique. Ce dernier, pourtant invité à
s’exprimer au cours d’une émission politique, aurait émis un jugement sur un autre
leader de parti politique dont les militants ont considéré les propos offensants. Ils
sont venus en masse devant la radio dans le but de le lyncher.
Un panéliste déclare avoir reçu à chaque fois des coups de fil de la part d’inconnus
qui estimaient avoir un jugement à exprimer sur le ton d’une émission qu’il a
animée. En définitive, le fait d’utiliser les médias pour exprimer ses opinions peut
créer des problèmes. Il y a aussi des restrictions d’ordre culturel comme chez la
communauté des Adjigo où il y a une limite à une certaine liberté d’expression.

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BAROMETRE DES MEDIAS AFRICAINS togo 2017

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