SECTEUR 1

ceux qui entravent notre marche en avant et les réfractaires au développement
sont des ennemis de la Nation ». Ce qui peut sous-entendre que ceux qui osent
critiquer ouvertement l’administration peuvent faire l’objet de répressions
particulières, comme l’a souligné le panel.
Les journalistes, aussi bien ceux de la presse d’opposition, de la presse privée,
que des médias publics, doivent faire attention à ce qu’ils disent, à ce qu’ils
publient ou ce qu’ils expriment sur la place publique et dans leurs organes
respectifs. De nombreux procès ont concerné les journalistes comme celui de
l’« Affaire de l’hélicoptère » (30 août 2019). Une journaliste du groupe Malagasy
Broadcasting System (MBS) 4 et un autre du media en ligne 24h Mada et la page
Facebook de la Commune urbaine d’Antananarivo ont publié les photos d’un
hélicoptère qui a survolé le stade municipal de Mahamasina. L’histoire a pris
une tournure judiciaire, suite à une plainte déposée par l’Etat-major général de
l’Armée malgache. D’autres procès n’ont pas été médiatisés. Les amendes, qui
sont très élevées, ont aussi un caractère extrêmement dissuasif. Dans l’«Affaire
de l’Hélicoptère», la journaliste de la MBS et celui du media en ligne de 24h
Mada5 ont écopé chacun d’une peine d’amende de 10 millions d’ariary (2 600
USD).
Dans ce cas précis, la justice a appliqué l’article 20 nouveau de la loi n°2016031 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n°2014-006 du 17
juillet 2014 sur la Lutte contre la cybercriminalité6 qui dispose : « L’injure ou la
diffamation commise (…) envers les Forces Armées nationales ou d’un Etat (…)
sera punie d’une peine d’amende de 2 000 000 ariary (532 USD) à 100 000 000
ariary (26 600 USD) ».
La pression sur les activistes sur les réseaux sociaux est davantage accrue, à cause
de l’agressivité des défenseurs de l’administration et même de certains membres
de l’Administration omniprésents sur les réseaux sociaux. Certains activistes ont
même subi des menaces réelles, d’autres ont dû endurer une intrusion dans
leur vie privée. Une véritable campagne de dénigrement est également menée.
Par exemple, les citoyens qui osent critiquer les actions du gouvernement ou le
président de la République subissent les critiques acerbes des « sympathisants »
de l’Administration. Certains dossiers personnels sont lâchés sur la place
publique. Une activiste qui a publié le programme de voyage du Président de la
République a été placée en détention provisoire.
Le panel s’est inquiété de savoir si les organes de presse sont capables ou
ont la volonté de protéger leurs journalistes quand des attaques les visent de
manière personnelle. Il arrive souvent que les journalistes soient limités par la
ligne éditoriale de leur organe ou par le choix des patrons de presse qui doivent
naviguer au gré du contexte politique. Certains patrons de presse sont dans
le giron des tenants du pouvoir. Le panel a aussi déploré les répressions sur
les manifestants. La société civile le rappelle: la Loi sur la cybercriminalité est
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MBS : Malagasy Broadcasting System. Un groupe de presse appartenant à l’ancien Président de la République, Marc
Ravalomanana, qui est le principal opposant de l’administration Andry Rajoelina.
https://web.facebook.com/24hMada/ (consulté le 31 octobre 2019)
http://edbm.mg/wp-content/uploads/2017/12/Loi-2014_006_cybercriminalite.pdf (consulté le 5 novembre 2019)

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BAROMÈTRE DES MÉDIAS AFRICAINS MADAGASCAR 2019

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