Baromètre des Médias Africains
Madagascar 2019
Résumé
Les textes législatifs garantissent la liberté d’expression et la liberté des médias.
La constitution votée en novembre 2010 garantit la liberté d’expression et
le droit à l’information. La loi portant Code de la communication médiatisée
adoptée et en vigueur depuis le 14 juillet 2016, promeut la liberté d’expression
en prévoyant néanmoins quelques limites. Certaines dispositions de cette loi
sont répressives, même si celle-ci est censée garantir la liberté de la presse. Ces
dispositions avaient été dénoncées lors de la consultation des médias et de la
société civile. Elle est en cours de révision au parlement, au moment de la session
du panel de ce baromètre 2019.
Madagascar a connu des élections générales en 2018-2019. La nouvelle
administration et la nouvelle majorité au parlement entreprennent la relecture
de la législation sur les médias. Les citoyens et les journalistes exercent leurs
droits avec appréhension et prudence. L’exercice de la liberté de la presse et de
la liberté d’expression a connu un recul. Ceux qui osent critiquer ouvertement
le gouvernement peuvent faire l’objet de répressions particulières au niveau de
la vie privée ou professionnelle : menace de licenciement, d’affectation ou de
poursuite judiciaire, etc. Les journalistes, aussi bien ceux de la presse d’opposition,
de la presse privée, que des médias publics, font attention à ce qu’ils disent, à ce
qu’ils publient ou ce qu’ils expriment sur la place publique et dans leurs organes
respectifs. Des interpellations ont été menées, de même que des procès ont été
intentés contre des journalistes ces dernières années.
La Loi sur la Cybercriminalité et la Loi portant Code de la communication médiatisée
ont connu des amendements qui répondent en partie aux revendications des
professionnels des médias. Mais ces amendements rajoutent d’autres restrictions :
des amendes ont été augmentées et des articles de restrictions sur le droit à
l’image ont été rajoutés. Les utilisateurs des réseaux sociaux sont également sous
la menace d’une épée de Damoclès. Le fait de publier des images satiriques et
parodiques peut entraîner des amendes exorbitantes. Même si les lois ne sont
pas complètement répressives, le danger vient de leur application et de leur
appréciation, surtout si le juge n’est pas indépendant.
Madagascar a ratifié et domestiqué la plupart des instruments régionaux et
internationaux sur la liberté d’expression et la liberté de presse, mais ne les
honore pas forcément dans leur application.
Aucune autorisation préalable n’est requise pour créer un organe de presse écrite:
il suffit d’une déclaration obligatoire auprès du Procureur de la République. Il
en est de même pour les sites web professionnels et les médias en ligne qui
emploient des journalistes. Les sources d’information des journalistes et des

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BAROMÈTRE DES MÉDIAS AFRICAINS MADAGASCAR 2019

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