La législation sur l’audiovisuel est très précise. Mais c’est dans l’application qu’il
y a des diicultés. L’Etat ne voit pas toujours d’un bon œil la toute puissance
de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC).
L’indépendance de la HAAC est cependant réelle. Sur le terrain elle prend des
décisions qui sont appliquées.
Mais la HAAC n’a pas beaucoup de pouvoir sur le difuseur public/d’Etat
(l’ORTB) dont le conseil d’administration est dominé par le régime en place.
L’indépendance éditoriale du difuseur public est théoriquement garantie par
la loi. C’est même la HAAC qui propose au Chef de l’Etat une liste de trois
noms pour la nomination aux postes de direction à l’ORTB. Mais dans les faits,
le pouvoir intervient tous les jours dans les programmes de l’ORTB, surtout à la
télévision nationale.
Le principal levier d’inluence des pouvoirs publics sur l’ORTB, c’est le mode
de inancement. L’Etat accorde une subvention annuelle de 20 millions CFA au
difuseur public. C’est une somme dérisoire qui contraint l’ORTB à demander
chaque année une subvention exceptionnelle. Enin, l’Etat paie les salaires du
personnel permanent.
L’ORTB bénéicie actuellement d’un programme de 20 milliards CFA pour
améliorer son équipement et sa couverture du territoire national, actuellement
estimée à 60% pour la radio nationale et 40% pour la télévision nationale.
Le difuseur public (la télévision nationale surtout) a perdu un peu de sa crédibilité à
cause de l’ingérence politique des pouvoirs publics. L’information est déséquilibrée
en faveur du régime en place qui fait censurer ce qui menace ses intérêts. Un
sondage récent a montré que toutes les télévisions privées sont plus suivies que
l’ORTB à Cotonou, la capitale nationale.
La production locale est réduite à la portion congrue et l’ORTB difuse
essentiellement des émissions de variétés et à des émissions importées.
Il existe une cinquantaine de radios communautaires au Bénin, qui bénéicient
toutes de l’aide à la presse octroyée par l’Etat.
En matière d’éthique, les médias sont très bien organisés. Un code de déontologie
a été adopté en 1999 et il est mis en œuvre par l’Observatoire de la Déontologie
et de l’Ethique dans les Médias (ODEM). Ses décisions sont parfois prises en
compte par les juges. De plus en plus de citoyens s’adressent à l’ODEM et non aux
tribunaux quand ils veulent se plaindre des médias.
Et ils ont de quoi se plaindre puisqu’il n’est pas rare qu’un organe de presse difuse
une information qui n’est pas vériiée. De plus, il y a des organes de presse inféodés
à un camp politique et qui donc se soucient peu de l’exactitude et de l’équilibre de
l’information.

BAROMETRE DES MEDIAS EN AFRIQUE BENIN 2011

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