SECTEUR 1

1.2 Le droit à la liberté d'expression est effectif et les
citoyens, y compris les journalistes, exercent leurs
droits sans crainte.
La liberté d’expression n’est pas totalement garantie. La crainte est toujours
présente chez les citoyens quant à l’exercice plein de ce droit. Ces dernières années
ont vu la liberté d’expression se dégrader considérablement. La manifestation
pacifique organisée le 27 décembre 20131 par les centrales et confédérations
syndicales du pays pour dénoncer ce qu’elles considéraient comme les dérives du
pouvoir et exiger le respect des libertés démocratiques, a été violemment dispersée
par les forces de l’ordre. Cet exemple cité par l’un des participants poussent le
panel à émettre des réserves sur l’effectivité du droit à la liberté d’expression.
Ils soulignent que la crainte liée à l’exercice du droit à l’expression est perceptible
même dans des institutions comme l’Assemblée nationale. Un panéliste rapporte
qu’en 2013 et 2014 les magistrats avaient manifesté pour leurs droits, et cela a
occasionné l’introduction d’une proposition de loi par la majorité parlementaire
pour le retrait du droit de grève aux magistrats. Pendant le débat parlementaire
consacré à l’examen de cette proposition un député avait déclaré que ses
collègues n’y étaient pas favorables mais n’avaient pas le courage de l’exprimer
publiquement et la loi n’a pas été adoptée. Le sentiment du panel est que la peur
est ressentie même chez les députés de la majorité parlementaire qui, pourtant,
bénéficient d’une immunité.
La peur est perceptible également chez beaucoup de citoyens. Ils sont «terrorisés »
à l’idée de s’exprimer sur des dossiers sensibles, rapporte un panéliste. Même
rassurés, les citoyens ont souvent peur des représailles. Selon les propos du
panel, le pays se compose de deux catégories de citoyens : une minorité osant
s’exprimer, et une majorité qui n’exprime jamais son point de vue publiquement.
Dans certaines circonstances, il est, même risqué d’être proche d’un citoyen
exprimant son opinion politique. L’exemple de cet homme d’affaires ne
représentant aucune tendance politique mais qui a, pourtant, fait l’objet de
persécutions du pouvoir de manière fréquente ; accusation de trafic d’armes
et tracasseries administratives de toutes sortes …, et contrôle du fisc. Tout cela
parce que son frère est un responsable politique de l’opposition qui n’hésite pas
à critiquer le pouvoir. Il appelle cela un « délit de fraternité ou de proximité ».
La peur de s’exprimer est également perceptible chez les fonctionnaires. Plusieurs
d’entre eux exigent une lettre officielle de leur supérieur hiérarchique quand
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Le 27 décembre 2013, la police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser des centaines de travailleurs béninois
ayant répondu à l'appel de plusieurs organisations syndicales pour une marche pacifique de protestation, qui n'a pas
reçu l'autorisation des autorités. La marche a été organisée par six syndicats, dont la Confédération des syndicats
des travailleurs du Bénin (CSTB), la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (CSA Bénin), la Confédération
générale des travailleurs du Bénin (CGTB), la Centrale des syndicats du secteur privé et indépendant du Bénin ( CSPI)
et la Fédération des syndicats des travailleurs des finances (FESYNTRA-Finances), qui ont déclaré vouloir protester
contre les violations des libertés syndicales et réclamer une amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Cela
avait causé beaucoup de blessés dans les rangs des manifestants dont deux leaders d’organisations syndicales.

BAROMETRE DES MEDIAS AFRICAINS Benin 2014

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