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Enfin, l’audiovisuel communautaire est le ‘parent pauvre’ à Madagascar. Il ne
bénéficie d’aucune législation ni d’aucune réglementation, encore moins d’un
soutien de l’Etat.
Le reste des médias n’est pas très regardant sur les normes professionnelles et
éthiques. Il y a eu des tentatives de rédaction d’un code de déontologie, mais
le projet a vite été abandonné parce qu’il a rencontré un obstacle apparemment
insurmontable : l’interdiction et le refus des « enveloppes ». En fait l’éthique
semble être le concept le moins partagé chez les journalistes à Madagascar.
En l’absence d’un code déontologie, c’est l’Ordre des Journalistes qui se charge des
questions d’éthique. Mais l’Ordre lui-même n’est pas fonctionnel parce qu’il n’est
pas détaché de toute influence politique.
Les normes professionnelles souffrent également de l’ingérence politique. On
écrit souvent pour défendre son camp politique. Résultat, les médias manquent de
crédibilité auprès du public.
L’autocensure et la censure ne sont pas rares; essentiellement à cause de la politique,
mais aussi à cause des contraintes commerciales.
Le concept de corruption semble mal compris chez la plupart des journalistes.
Par exemple, les « enveloppes », communément appelées « felaka », ne sont pas
considérées comme de la corruption. Certains journalistes vont jusqu’à réclamer
ces enveloppes quand les promoteurs d’un événement ne les donnent pas. Même
les organisations de la société civile qui défendent la liberté d’expression et
l’indépendance de la presse proposent souvent des enveloppes, et ont des lignes
budgétaires à cet effet.
Cette situation est essentiellement due à la précarité de l’emploi des journalistes
dans leurs organes respectifs. Le supplément que constituent les enveloppes est
indispensable pour leur survie. Le niveau des salaires, quand ils sont payés, est très
faible.
Les opportunités de formation sont quasi inexistantes. La profession elle-même
peine à s’organiser et il n’existe pas de syndicats dignes de ce nom.
En général, en ce qui concerne l’exercice de la profession de journaliste à
Madagascarans, dans la pratique il n’est pas totalement protégé à en croire les
débats des panélistes. Les dispositions prévues par la loi ne sont pas appliquées :
un Haut-conseil de l’audiovisuel inexistant, une ingérence du gouvernement dans
les médias publics, l’incohérence quant à la gestion de la profession qui s’exerce
dans des conditions salariales et techniques précaires. La très lente promulgation
du code de la communication n’est pas pour arranger les choses.

BAROMETRE DES MEDIAS AFRICAINS MADAGASCAR 2010

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