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Quoi qu’il en soit, les panélistes ont admis que ces articles et dispositions légales,
qui en théorie doivent maintenir une certaine ligne de conduite dans la garantie
de la liberté d’expression et de la liberté des médias, peuvent et sont très librement
interprétés et de manière très variée. Ces textes ont ainsi un sens progressiste ou,
contrairement, limitatif, au gré des intérêts en jeu. Ce constat amène les panélistes
à une première conclusion : il existe bel et bien des déclarations de principe et des
mentions légales, mais elles restent lettres mortes.
La crise politique, qui a semé diverses confusions dans la vie quotidienne des
citoyens malgaches, a aussi changé la donne des médias et l’exercice du métier de
journaliste.
Les textes, jugés trop généralistes par les participants, ont donné une vaste marge
de manœuvre. Leur application ne fait pas de nette distinction entre liberté de
presse ou délit de droit commun. Quoi qu’il en soit, les panélistes ont admis
presque à l’unanimité que les cas où la liberté de presse ne sont pas réellement
protégés ont toujours existé, mais qu’ils ont gagné en intensité dans le contexte de
la crise politique.
Quoi qu’il en soit, il faut reconnaître que bon nombre de médias sont politiquement
alignés : leur ligne éditoriale, ouvertement tendancieuse et subjective, ne leur
permet pas d’assurer une véritable liberté d’information pour leurs journalistes.
Malgré l’atermoiement dans la publication du code de communication,
l’inefficacité de l’OJM et les failles dans l’application des dispositions légales et
constitutionnelles, ce sont les citoyens eux-mêmes qui se retiennent de s’exprimer
à cause du contexte politique.
Par ailleurs, le danger est surtout dans la perception de l’information et du
commentaire par l’audimat : l’indépendance d’un média est mise en doute dès
que ses commentaires sur un fait ne sont pas favorables à tel ou tel pouvoir. Cette
confusion entre liberté de commentaires et partialité génère souvent des situations
bancales. Raison pour laquelle, les panélistes constatant que dans la majeure partie
des cas, ce n’est pas tant la loi qui fait faux-bond mais le sentiment extrémiste qui
s’installe.

BAROMETRE DES MEDIAS AFRICAINS MADAGASCAR 2010

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