Baromètre des médias en Afrique
Cameroun 2014
Résumé
Au cours des trois années de demie qui se sont écoulées depuis la dernière
édition camerounaise du Baromètre des Médias Africains (BMA), on a constaté
un certain nombre de développements positifs et négatifs dans les médias
nationaux qui méritent réflexion. Le sentiment général dominant est que le
paysage médiatique actuel (par rapport à 2011) est très morose en raison de la
spirale descendante observée dans les secteurs revêtant une importance critique
pour le développement de médias libres, pluralistes, professionnels, conformes
à l’éthique et durables. Malheureusement, le récit de cette image terne désigne
comme responsables directs les principaux intervenants – les journalistes.
L’élément le plus dangereux qui a entraîné ce déclin rapide des médias au cours
de cette période est la corruption. Les journalistes ont accepté si facilement –
et apparemment avec plaisir – d’être entraînés dans la corruption qui sévit
actuellement dans tout le pays. Sans aucune hésitation, les journalistes demandent
des pots-de-vin aux organisateurs d’évènements, menacent les grosses pointures
politiques et les magnats des affaires de publier des histoires potentiellement
préjudiciables s’ils ne versent pas de « rançon », et organisent des cérémonies de
remise de prix aux plus offrants, où l’on présente comme lauréats des gens n’ayant
quasiment rien accompli, au grand amusement du public. Dans ce contexte où
les journalistes agissent de plus en plus avec une telle insouciance, le jeu de rôle
prête à confusion, car le gardien traditionnel de la société est désormais celui dont
il faut se méfier.
Autre effet de la corruption, les médias ne se soucient désormais plus du respect des
principes fondamentaux de la profession, et le contenu est pondu en série par des
journalistes animés par des intérêts personnels plutôt que par l’intérêt commun.
Les plaintes à répétition sur la baisse des normes professionnelles ne sont donc
pas une surprise, car elles sont étayées par de nombreux cas de comportement
contraire à l’éthique. La corruption et ses autres directives – l’avidité, l’intérêt et
l’avancement personnels - ont attaqué et affaibli les syndicats et les associations
qui sont traditionnellement les éléments qui unissent les différentes parties dans
le combat de longue haleine pour la liberté des médias dans le pays. Les conflits
internes au sein des nombreux syndicats et associations inactifs et divisés entre
pro et anti-gouvernement, en sont une conséquence directe.
Les journalistes qui continuent à s’efforcer de faire preuve de rigueur
professionnelle (qui forment en effet un bloc très résolu), sont de plus en plus
frustrés par le fait qu’ils ne parviennent pas à faire prendre conscience au public
qu’on leur colle une étiquette qui ne reflète pas les valeurs qu’ils incarnent.

BAROMETRE DES MEDIAS AFRICAINS Cameroun 2014

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