Baromètre des médias en Afrique GABON 2016 Résumé Le Gabon est un pays où il y a encore beaucoup de marge pour améliorer l’environnement des médias. En ce qui concerne la liberté d’expression en général, elle est garantie par la Constitution et par plusieurs textes de lois. Il existe un Code de la Communication ouvert, qui assure la liberté d’expression à tous les citoyens, ainsi que l’accès à l’information et aux médias. Dans ce domaine également, le Gabon a signé la plupart des instruments internationaux dont la Déclaration des Principes de la Liberté d’expression en Afrique. Au vu de ces textes, le pays n’a rien à envier aux autres pays démocratiques. Mais sur le terrain, l’application des textes n’est pas effective. En effet, sous le prétexte du maintien de «l’ordre public», les pouvoirs publics procèdent à des arrestations de personnes pour des opinions qu’elles ont exprimées ou pour avoir participé à des activités non autorisées: rassemblements, marches, etc. Les citoyens y réfléchissent à deux fois avant de formuler des critiques contre le régime. Même s’il n’y a pas de loi sur le Secret d’Etat, il y a des domaines où il ne faut pas s’aventurer tels que la défense, le secteur minier, les marchés publics et la forêt. Un journaliste en a fait l’amère expérience. Il s’est retrouvé derrière les barreaux pour avoir dénoncé un marché accordé par le Trésorier Payeur général pour l’acquisition d’un blindé, et cela sans passer par la commission de passation des marchés. En principe l’accès à la profession de journaliste est ouvert. Mais il y a des entraves quant à la pratique de cette profession. Les pouvoirs publics exigent parfois la détention de la carte de presse, dont le processus de délivrance n’est pas toujours transparent. Le gouvernement s’est également donné les moyens de pouvoir décider de l’opportunité d’accorder ou non l’autorisation de créer un organe de presse. Le journaliste n’a pas la tâche facile dans l’exercice de son métier. Il lui est parfois exigé de révéler ses sources et il peut se retrouver en prison s’il n’obtempère pas. Il accède difficilement aux sources publiques d’information, surtout s’il est considéré comme hostile au régime. Dans ce tableau sombre, il y a une éclaircie. Les nouveaux médias sont libres. Les sites web ne sont ni filtrés, ni bloqués. L’utilisation de la téléphonie mobile est largement répandue. Il n’y a encore aucune législation réelle concernant cette forme de communication. Apparemment le législateur ne s’est pas encore éveillé à l’importance des nouveaux médias. C’est le cas également de la société civile. Non seulement elle n’est pas organisée, mais elle ne s’implique pas effectivement ni dans la défense des médias, ni dans l’assainissement du secteur. Pratiquement toutes les lois et tous les textes BAROMETRE DES MEDIAS AFRICAINS GABON 2016 5