SECTEUR 1 Plusieurs projets de propositions ont été élaborés, mais le gouvernement a été réticent à adopter une loi sur l’accès à l’information ou à faciliter l’accès à l’information publique. En l’absence d’une loi sur l’accès à l’information ou de règles relatives aux modalités d’obtention de l’information, les détenteurs de l’information publique ne se sentent pas tenus de partager l’information avec les journalistes. Par conséquent, les journalistes comptent sur leurs réseaux personnels et professionnels ou sur le pouvoir discrétionnaire des titulaires de fonctions pour accéder à des informations telles que les rapports et les notes de service. De plus en plus, les dénonciateurs divulguent des informations au public par le biais des médias sociaux, et il arrive parfois que des groupes d’intérêts particuliers transmettent fréquemment aux médias des «dossiers sales» concernant leurs rivaux. Dans les cas où les pouvoirs publics partagent l’information avec les médias, notamment par le biais de communiqués de presse et de points de presse, cette information est toujours au service du plan d’action du gouvernement. 2. Le manque de protection des journalistes Les panélistes ont signalé des cas où des journalistes ont été arrêtés et détenus au cours de la collecte de l’information. Dans un cas tristement célèbre, trois journalistes qui tentaient de recouper une information sur une affaire liée au terrorisme ont plutôt été confrontés à des questions sur la manière dont ils avaient obtenu cette information. Après avoir décidé de ne pas publier faute de corroboration suffisante, ils ont été arrêtés et inculpés devant un tribunal militaire pour avoir dissimulé une information sur des menaces à la sécurité nationale. En général, les journalistes ont le sentiment de s’exposer à la persécution ou au harcèlement s’ils tentent d’obtenir des informations sur des sujets sensibles ou auprès de certains services publics tels que les forces de sécurité et de défense. 3.Le manque d’informations précises et de sensibilisation du public Un troisième obstacle à l’accès à l’information est la disponibilité de l’information elle-même. De l’avis de beaucoup d’experts, le gouvernement ne dispose pas d’informations sur de nombreux domaines de la vie publique. À titre d’illustration, les données ne sont pas systématiquement collectées et stockées dans des formats de fichier facilement récupérables. La plupart des services publics ont encore recours au papier pour stocker les documents, ce qui rend la recherche et la récupération d’informations difficiles et chronophages. En outre, l’information publique est dispersée dans de nombreux services, et il est presqu’impossible de savoir où la chercher. Dans les rares cas où l’information est laissée ouverte au public, tels que les services des archives nationales et les bureaux de l’enregistrement des titres de propriété, le manque de sensibilisation générale à ces services entrave l’accès des citoyens. Un panéliste a décrit sa fréquence d’utilisation des archives nationales à Yaoundé, tout en faisant observer que de nombreuses personnes ne se rendent pas compte du trésor d’informations dont regorge ce service. 76 BAROMÈTRE DES MÉDIAS AFRICAINS CAMEROUN 2018