SECTEUR 1

1.1 La liberté d’expression, y compris la liberté des
médias, est garantie dans la Constitution et
protégée par d’autres lois
La Constitution de la République du Cameroun est restée inchangée depuis
sa dernière révision en 1996, suivie de sa modification en 2008. Elle accorde
aux citoyens une série de libertés fondamentales s’inspirant de la Déclaration
universelle des droits de l’homme, de la Charte des Nations unies, de la Charte
africaine des droits de l’homme et des peuples et d’autres traités et conventions
internationaux. En ce qui concerne la liberté d’expression et des médias, elle
dispose que «la liberté de communication, la liberté d’expression, la liberté de
presse, la liberté de réunion, la liberté d’association, la liberté syndicale et le droit
de grève sont garantis dans les conditions fixées par la loi»1. La liberté d’expression,
y compris la liberté des médias, est donc garantie dans la Constitution.
En 1990, le Cameroun a adopté une loi sur la communication sociale et
diverses lois sur la liberté. Cette loi est également restée inchangée depuis sa
promulgation. Entre autres choses, elle définit le cadre dans lequel s’exerce
la liberté de presse au Cameroun (article 1er). Cette loi introduit la notion
d’ «organes de presse », qu’elle définit comme des publications périodiques et
régulières, destinées à la communication de la pensée, des idées, des opinions,
des faits d’actualités2. S’inspirant de la Constitution, la loi de 1990 consacre la
liberté de publication des organes de presse (article 6) tout en autorisant les
autorités administratives à saisir ou à interdire les organes de presse qui portent
atteinte à l’ordre public (article 17). Alors que la loi de 1990 sur la communication
sociale accorde également la liberté de créer des médias audiovisuels, la
communication audiovisuelle est régie par un décret du Premier ministre publié
en 2000, lequel fixe les conditions d’octroi de licences. Au sens dudit décret, les
activités de communication audiovisuelle consistent en la production, la diffusion
et le transport de programmes. Selon les contempteurs de ce décret, les droits de
licence de diffusion, qui vont de 5 à 100 millions de francs CFA (environ 9 000 à
118 000 dollars américains) tous les cinq ans, sont prohibitifs.
En résumé, la Constitution garantit la liberté d’expression et la liberté de la presse
écrite. Cependant, on ne saurait affirmer avec certitude que la loi de 1990 sur la
communication sociale et les autres lois régissant le secteur des médias protègent
ou respectent ces garanties. Les critiques attirent l’attention sur la notion
d’atteinte à l’ordre public, vague, en vertu de laquelle la liberté d’expression et la
liberté de presse peuvent être refusées, comme une échappatoire juridique créée
délibérément pour contourner la Constitution. En outre, la loi semble limiter la
liberté de presse à la liberté de créer et d’exploiter des organes de presse. Ni
la Constitution ni la loi de 1990 sur la communication sociale ne mentionnent
directement la pratique du journalisme. Par conséquent, les journalistes ne
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Préambule de la loi n° 96/06 du 18 janvier 1996 portant modification de la Constitution du 2 juin 1972.
Aux termes de la loi de 1990, sont exclues de la définition ci-dessus, les publications à caractère scientifique, artistique,
culturel, technique ou professionnel quelle que soit leur périodicité.

BAROMÈTRE DES MÉDIAS AFRICAINS CAMEROUN 2018

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