SECTOR 4 4.5 Les journalistes et directeurs de publication n’exercent pas l’autocensure. L’autocensure est une pratique courante dans les médias togolais, tant dans le secteur public que dans le secteur privé. Mais, selon le secteur considéré, les raisons de cette autocensure diffèrent les unes des autres. Dans le secteur public, les journalistes craignent, d’une part, les réactions négatives des autorités officielles à la publication de telle ou telle information ou au choix de tel ou tel angle de traitement ; d’autre part, ils redoutent les réactions trop zélées de leurs propres patrons. Même si certaines pratiques ont tendance à disparaître, un membre du panel indique qu’il arrivait que des journalistes reçoivent des admonestations par téléphone en pleine émission ou qu’ils soient licenciés alors qu’ils se trouvaient encore à l’antenne. Pour illustrer cette peur des sanctions, un panéliste rapporte qu’il y a quelques années, un directeur de la TVT avait fait interrompre une émission en direct au bout d’une demi-heure. L’émission a repris son cours normal sur instruction du Chef de l’Etat qui regardait la télévision à ce moment-là et qui, paradoxalement, trouvait l’émission fort intéressante. Aujourd’hui, l’autocensure s’explique surtout par le fait qu’en cas de sanction définitive et abusive, le journaliste ou le technicien de la communication travaillant dans le public n’a aucune garantie de pouvoir intenter un procès à son employeur. Souvent, le licenciement n’est pas formellement notifié. Un panéliste évoque le cas « d’une mise à pied d’un an avec présence obligatoire ». De plus, la chambre administrative de la Cour d’Appel, compétente en la matière, ne fonctionne pas normalement. Dans le privé, les journalistes et techniciens restreignent leur liberté éditoriale essentiellement pour éviter les éventuelles atteintes à leur intégrité physique du fait de personnes citées. La peur de « trop s’avancer » et l’absence de preuves sont également citées comme source d’autocensure dans le privé. Mais, que cela soit dans le public ou dans le privé, le panel note que l’autocensure porte surtout sur les informations politiques et économiques. Mais, certaines questions culturelles sont abordées avec beaucoup de prudence ou simplement éludées de peur d’effets préjudiciables à la sécurité et à l’intégrité des médias et journalistes qui les traitent. Les journalistes s’autocensurent également sur des informations mettant en cause leurs patrons et sur les relations de ces derniers. BAROMETRE DES MEDIAS AFRICAINS togo 2010 59