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des journalistes. A titre d’illustration de ce point de vue, un panéliste remarque
qu’il est difficile, voire impossible, de trouver des parutions privées indépendantes
telles que Liberté ou Forum dans une localité comme Kara (fief du Président
Gnassingbé) ; alors que le quotidien public Togo Presse est disponible, malgré la
grande distance qui sépare Kara de Lomé - la capitale - soit plus de 400 Km.
Il s’y ajoute que dans certaines zones, des préfets « autoritaires et zélés »
exerceraient une forte pression sur les administrés afin qu’ils n’aillent pas vers
les sources d’informations ; à plus forte raison qu’ils en assurent la distribution.
Faut-il rappeler que la loi portant Code de la Presse, en son article 22, oblige
le distributeur d’une ou de plusieurs publications à en faire la déclaration soit
à la mairie, soit à la préfecture ou à la sous-préfecture de son domicile ou de sa
résidence.
Certains panélistes notent qu’en conséquence, les journaux se lisent sous le
manteau dans certaines localités. Mais pour certains autres membres du panel,
cela suscite a contrario la curiosité des lecteurs et provoque une véritable ruée vers
toute publication à portée de main.
Sous la férule de certains préfets, s’ajoutent également les pesanteurs
socioculturelles qui se traduisent par la mainmise de la chefferie traditionnelle sur
l’organisation de certaines communautés. Le rapport à l’autorité est tel que dans
certaines localités, les citoyens craignent de s’informer librement et en dehors des
canaux aménagés par le chef coutumier. Ce dernier perçoit la presse, en particulier
les journaux privés, comme une menace à son autorité et fait tout pour en limiter
la diffusion dans son fief. Mais, même le quotidien national Togo Presse n’échappe
pas à ce phénomène, selon l’un des participants. Cette hostilité est d’autant plus
grande que les médias ne sont pas tenus par les étiquettes et les égards auxquels
ces autorités sont habituées avec les membres de leurs communautés respectives.
D’ailleurs, les journaux seraient-ils diffusés largement sur tout le territoire national
togolais que les efforts des éditeurs dans ce sens seraient obérés par le faible pouvoir
d’achat et l’analphabétisme élevé du Togo. Selon le panel, il convient ici également
de pointer les différences notoires entre les villes et l’intérieur du pays.
Pour surmonter les difficultés évidentes de diffusion de la presse, des panélistes
évoquent la piste du développement de la presse régionale. Mais la question divise
le panel. Si, d’une part, on parle de journaux régionaux tout aussi indépendants et
critiques que les parutions basées à Lomé , d’autre part, certains panélistes doutent
que l’on puisse parler d’une véritable presse régionale, à l’exception notable du
journal Lafia de Dapaong.
D’autres solutions ont été initiées sans plus de succès. S’agissant de la mise en
place d’un service de messagerie de presse, les acteurs des médias avaient obtenu,
il y a quelques années, l’accord de la mission de coopération française au Togo

BAROMETRE DES MEDIAS AFRICAINS togo 2010

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