adhésion à l’éthique professionnelle si le pays ne se trouvait pas dans ce climat politique et économique délétère. Les crises politiques et économiques ont aggravé les problèmes auxquels les médias sont confrontés, réduisant par conséquent l’impact réel des progrès décrits ci-dessus. L'incapacité du gouvernement à promulguer des lois qui assurent un environnement propice au développement de médias libres et indépendants crée une atmosphère où l'intimidation, l'abus de pouvoir et le harcèlement pur et simple sont monnaie courante. Sans la garantie et la protection apportées par une loi portant sur l’accès à l'information, les journalistes travaillent aujourd’hui dans une ambiance de jungle où le plus fort, le plus riche et le plus influent a le dernier mot tandis que le faible, le pauvre est piétiné. L'impact le plus direct des crises politiques et économiques auxquelles le pays fait face est la polarisation du débat. Aujourd’hui à Madagascar il est presque impossible d’entendre parler d’un citoyen neutre ou indépendant dans sa pensée. Chaque Malgache est perçu comme un allié de X ou de Y, ce qui veut malheureusement dire que toute autre personne qui ne soutient pas son mentor est un adversaire. Malheureusement, même les professionnels des médias qui devraient briller par leur neutralité, leur impartialité ne sont pas exclus de ce constat. La politisation et la « patronalisation» de la propriété des médias où chaque politicien et entrepreneur est convaincu que son salut passe par un contrôle de plus en plus hégémonique des moyens de communication a largement contribué à cette polarisation. Malgré le nombre impressionnant de journaux, radios et télévisions, le discours public est de plus en plus monolithique parce que les organes de presse sont détenus et contrôlés par quelques personnes. Les journalistes constatent de plus en plus d’ingérence dans la prise de décision par les propriétaires qui sont plutôt guidés par leurs intérêts politiques et économiques. La pratique de l'autocensure est devenue un ��modus operandi’ dans la plupart des rédactions aujourd'hui. La peur d'être réprimandé ou d'être licencié pousse de nombreux journalistes à taire des sujets qu’ils considèrent gênants pour le propriétaire. Travaillant dans des conditions précaires : salaires faibles et instables, absence de commodités de travail ou de sécurité sociale, profil de carrière inexistant, de nombreux journalistes arrivent à peine à joindre les deux bouts. L'incapacité des professionnels des médias à s'organiser en associations et syndicats opérationnels a empiré la situation. On assiste aujourd’hui à un laisser-faire où les fautes professionnelles ne sont ni réprimandées, ni sanctionnées. Les panélistes ont convenu que sans la protection des lois de la République et sans la pression des pairs, par le biais de l’Ordre des associations et des syndicats professionnels efficaces, l'insécurité dans laquelle exercent les professionnels des médias à Madagascar ne fera que rétrécir le champ des libertés dans lequel s’expriment les médias et par extension, le peuple malgasy. 6 BAROMETRE DES MEDIAS AFRICAINS MADAGASCAR