SECTEUR 1 droit de critique et publie des communiqués sur la situation du pays sans menace apparente. Cependant, l’effectivité de cette absence de crainte est à relativiser selon les sujets qui sont traités et selon le contexte. En effet, on peut relever des cas d’autocensure à cause du contexte de crise qui sévit dans le pays actuellement et qui fait naître en eux des craintes de représailles. « un (autre) journaliste a dû changer de numéro de téléphone à cause des menaces de mort qu’il recevait » Pour illustrer cela, on cite le cas des journalistes de la radio Free Fm, une station réputée très critique vis-à-vis du régime, qui ont été appréhendés par la police et retenus en garde à vue pour un temps. De même, les journalistes du quotidien Courrier de Madagascar ont subi de fortes pressions pour avoir publié en septembre 2011 le mandat d’arrêt authentique lancé à l’époque contre l’ancien président Marc Ravalomanana. Le spectre de la crainte va de la simple peur de représailles aux menaces ouvertes. Par exemple, une autre journaliste qui a voulu faire une enquête sur les dahalo (voleurs de zébu), notamment sur les évènements se déroulant au sud du pays où sévit un conflit, ayant fait une dizaine de morts, a reçu des menaces d’un officier de l’armée, et a dû renoncer à faire son travail. Un panéliste ajoute « un (autre) journaliste a dû changer de numéro de téléphone à cause des menaces de mort qu’il recevait ». Les craintes existent également, si l’on se réfère aux cas de fermeture d’une cinquantaine de radios1 (pour non-conformité à la loi) dont celles de l’ancien Président, Marc Ravalomanana – la radio MBS (Malagasy Broadcasting System) et celle de l’Eglise FJKM, proche de l’ancien Président suscité – la radio Fahazavana (Lumière) en Septembre 2010. Sur le plan des libertés publiques, les manifestations sur la voie publique sont depuis 2009 interdites et réprimées par la police, au point où les citoyens ont peur d’afficher publiquement leurs opinions dans la rue, surtout sur les questions qui touchent à la crise politique. En revanche, la situation hors de la capitale revêt un autre visage. Par exemple, à la radio ‘Magneva Menabe’ (située à Morondova à 700 km d’Antananarivo dans la province de Tuléar), les craintes se manifestent sous d’autres formes. Les auditeurs de cette radio associative et rurale sont systématiquement privés de parole par les animateurs lorsqu’ils interviennent à l’antenne pour valoriser 1 10 Analyse juridique des fermetures des médias à Madagascar depuis 2002 (rapport de: Olivia Rajerison, Rindra Rabarinirinarison, Ketakandriana Rafitoson) 8 juin 2012 BAROMETRE DES MEDIAS AFRICAINS MADAGASCAR