Depuis que la censure a été levée le 19 février 1989, la presse jouit d’une certaine liberté. Elle est libre d’évoquer différents sujets et de publier les résultats de ses investigations, même en ce qui concerne la gestion de l’Etat. A preuve, le quotidien La Gazette de la Grande Ile a pu récemment révéler dans ses colonnes le montant exorbitant des réquisitions, synonymes de dépenses extrabudgétaires de l’Etat. La réaction ne s’est pas fait attendre et les principaux responsables de cet organe de presse ont été convoqués dans les locaux de la gendarmerie nationale pour y être interrogés sur le dossier en question. La préoccupation principale des autorités publiques est de pouvoir identifier la source de l’information. Lorsque le travail journalistique a été fait consciencieusement, le titre ne subit pas d’attaque directe du pouvoir en place. Il n’échappe pas pour autant à de multiples pressions sur des points vulnérables. A de telles tracasseries s’ajouteront d’autres opérations d’intimidation. Les journalistes exercent leurs droits avec une certaine crainte. La répression souvent pernicieuse et vicieuse des autorités constitue une épée de Damoclès sur l’ensemble de la presse. Un journal peut se voir soumis à un contrôle fiscal et sa comptabilité inspectée minutieusement, quand il se risque à publier des informations qui ne sont pas à l’avantage du régime. On peut même aller jusqu’à dissuader les annonceurs à signer des contrats publicitaires avec ces organes pointés du doigt. Le pouvoir en place n’a pas, par exemple, apprécié l’appel lancé par le Président de l’Association des Journalistes des Radios Privées (AJRP) pour la réouverture des trois stations de radio dans la province de Toamasina frappées d’une mesure de fermeture. La station où il travaille a dû le suspendre sous la pression des autorités. La censure se manifeste dans la presse audiovisuelle publique, particulièrement dans les reportages politiques. Ceux qui osent aller à l’encontre des directives sont évincés de l’antenne. La censure se manifeste également dans la presse audiovisuelle publique. Ainsi lors des funérailles du pape Jean Paul II, la télévision nationale (TVM) dans le cadre d’une émission spéciale n’a pas été autorisée à rediffuser les images d’archives de la visite du chef de l’église catholique à Madagascar où apparaissait l’ancien Président de la République. Les reportages politiques particulièrement ceux se rapportant à l’opposition sont également passés au peigne fin par les responsables. Les journalistes qui osent aller à l’encontre des directives sont évincés de l’antenne. Les harcèlements ainsi que les poursuites judiciaires déteignent sur la liberté d’expression particulièrement des journalistes. Diffamer des institutions est passible d’une condamnation de 1 mois à 3 ans d’emprisonnement. Même si le juge est libre de déterminer la durée de la peine, en cas d’emprisonnement, l’ingérence de l’exécutif dans le judiciaire suscite des craintes. D’autres entités, comme les représentants des pouvoirs coutumiers ou des pouvoirs religieux, tolèrent mal l’esprit d’investigation de la presse et sont promptes à traduire cette frilosité en estant en justice, s’ils estiment que des journalistes ont porté sur eux et leurs activités, un regard trop indiscret, voire critique. Notons que l’Eglise de Jésus Christ à Madagascar (FJKM)a même pris une disposition interdisant statutairement à ses membres de faire des révélations non autorisées à la presse, sous peine d’exclusion. Par ailleurs, des journalistes sont exposés à des représailles communautaires, pouvant aller jusqu’au bannissement, s’ils sont en délicatesse avec les pouvoirs coutumiers. 2