SECTEUR 3 3.3 L'organe qui régule les services d’audiovisuel, et les licences, le fait dans l'intérêt public et assure l'équité et la diversité des points des vues représentant la société dans son ensemble. L’Ordonnance 92-039 explique en détails le processus d’attribution des licences de la presse écrite. Cependant, pour les radios et les chaînes de télévision, ce sont les deux ministres membres de la CSCA qui cosignent l’accord. Si le média en attente de licence est proche du régime actuel, les autorisations sont accordées rapidement, tandis que d’autres attendent encore cet aval officiel. Les fréquences doivent être attribuées par appels d’offre mais il n’y en a jamais eu. Aussi, on peut douter avec raison de l’équité dans les attributions. Par ailleurs, si la notion de “régulation“ implique le respect des faits qu’ils soient pour ou contre le gouvernement, on peut douter de la neutralité de cet organe. Enfin, le panel constate que la proximité avec le pouvoir influence le traitement des informations au sein de certaines chaînes qui lui sont proches. L’efficacité de l’organe régulateur est également très contestable. Par exemple, il laisse les publicités sur les «massages»10 proliférer dans les journaux.. Le fait d’accepter d’insérer des publicités partout et en particulier au milieu d’un journal télévisé est un autre exemple de la non-régulation des médias. Cependant, il est vrai que l’article 54 de l’Ordonnance 92-039 indique que «La publicité par voie de radio ou de télévision est libre, dans le respect des droits de la personne humaine et celui des droits des consommateurs». Seules les publicités à caractère politique sont interdites en dehors des périodes électorales. L’intervention sur la plupart des plateaux de télévision est également critiquable puisque les invités doivent presque systématiquement payer leurs apparitions. Les prix varient entre 1 million et 2 millions d’Ariary (315,48 USD et 630,96 USD). L’un des panelistes confie avoir obtenu une demande de paiement de 50.000 Ariary (17,77 USD) au motif de compenser les “frais de production“ liés à son intervention dans un reportage ou sur un plateau de télévision. A cause de ce système, certaines personnes ou membres de la société civile n’ont pas accès à l’antenne ni droit de réponse dans les médias. Le ministre chargé de la communication a dernièrement ouvert son propre programme sur TVM qu’il anime directement. Ceci n’était jamais arrivé à Madagascar et est perçu comme une totale aberration. 10 Ces publicités sont des services déguisés de prostitution connus de tous. 36 BAROMETRE DES MEDIAS AFRICAINS MADAGASCAR 2016