SECTEUR 4

4.8 L’égalité des chances sans distinction de race ou
d’origine ethnique, groupe social, de genre /sexe, de
religion, d’handicap et d’âge est promue dans les organes de presse.
Le panel est d’accord sur le fait qu’il n’y pas de politique ad hoc ni de mécanisme
opérationnel destiné à favoriser l’égalité des chances au sein des entreprises de
presse. Il n’empêche qu’en règle générale, cette égalité existe réellement et les
recrutements sont « aveugles ».
Pourtant, selon une perception largement partagée dans l’opinion, la presse
publique – la hiérarchie dans la Radiodiffusion Télévisions Sénégalaise, en
particulier – est dominée par des individus issus des groupes ethniques et des
régions d’origine du président de la République et de certaines autres autorités.
De la même manière, on pense souvent que des directeurs de sociétés
nationales de presse sont nommés sur proposition de responsables politiques ou
gouvernementaux qui veillent à placer des proches, sur la base d’affinités aussi
subjectives que l’ethnie, le genre, l’appartenance politique, etc.
Les mêmes critères semblent valoir dans le recrutement de conseillers et attachés
de presse dans les administrations et dans celui des journalistes au sein des
rédactions de médias publics, au mépris des critères fixés par la convention
collective.
Même dans la presse privée, une forte concentration des membres d’une
même ethnie sur toute la chaîne de valeur est ressentie. Le monopole exercé
par les membres d’une même famille sur la distribution des journaux en est une
illustration. Un membre du panel tient toutefois à relativiser ce fait, en ces termes:
«c’est peut-être faux, mais la perception existe ». Un autre panéliste avertit que «
c’est un sujet complexe et sensible », avant d’inviter le panel et l’opinion, surtout
les intellectuels, à ne pas tomber dans le piège des clichés. Selon un autre avis,
il s’agit plus d’enjeux de pouvoir politique que de domination par un groupe
ethnique.
En tout état de cause, l’une des conséquences de cette rupture d’égalité face aux
emplois est que les plans de carrière des journalistes sont fortement dépendants
des aléas politiques. Au surplus, l’incompétence est primée au détriment de la
compétence et de la performance professionnelle et cela provoque de sérieuses
crises de légitimité. C’est pourquoi, de l’avis de plusieurs panélistes, les postes
de direction des médias publics devraient être mis en compétition dans le cadre
d’appels à candidatures ou de concours. Quant aux conseillers et attachés de
presse, ils recommandent que le choix se fasse sur la base des critères de diplôme
et d’expérience, conformément à la classification des emplois par la convention
collective des journalistes et techniciens de la communication.

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BAROMETRE DES MEDIAS AFRICAINS SENEGAL 2013

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