SECTEUR 4

Quant aux raisons de cette régression, plusieurs explications sont avancées
par le panel. De peur de perdre la primeur de l’information, des journalistes
ont tendance à publier l’information avant de procéder aux vérifications et
recoupements nécessaires. Mais, dans les cas les plus graves, des journalistes « à
la solde » sont payés pour attaquer des citoyens. Or, selon un panéliste, « quand
une personne est attaquée, le minimum c’est de lui donner l’opportunité de se
défendre ».
Toutefois, quelques membres du panel invitent à ne pas jeter l’anathème sur la
presse sans discernement. En ce qui concerne le nombre de procès, il convient
de ne pas se laisser abuser par le nombre certes impressionnant d’audiences dans
le cadre d’une même affaire, dû aux multiples renvois. Par exemple, l’un des
membres du panel évoque son cas personnel, avec un procès qui dure depuis
trois ans et pour lequel il se rend à toutes les convocations du juge. Ce qui peut
laisser penser, à tort, qu’il est « abonné » au palais de justice. D’ailleurs, ajoutet-il, l’organe de presse dont il répond devant la justice est à nouveau attrait à la
barre pour des écrits qui ont pourtant fait l’objet d’un rectificatif en bonne et due
forme.
De plus, l’inflation apparente des procès contre la presse s’explique par le fait
que les plaignants tiennent à saisir la justice, même quand le journaliste –
reconnaissant s’être trompé de bonne foi – leur a accordé le droit de réponse
ou a rectifié l’information erronée, conformément à la loi et aux règles de
déontologie. A l’appui de cet argument, le panéliste convoque l’affaire ayant
opposée, il y a quelques années, le quotidien Walf Grand Place (aujourd’hui cédé
aux journalistes et devenu Grand Place) et un concessionnaire automobile établi à
Dakar. Le journal avait publié l’information qui lui a valu une plainte après avoir
attendu pendant dix jours la réponse de la société à sa demande de réaction,
en vain. Dans un autre exemple, un conflit foncier à Keur Massar,20 l’une des
parties a porté plainte contre le journal Le Quotidien, bien que ce dernier ait traité
les protagonistes sur le même pied d’égalité, d’une part, et qu’il ait publié les
documents que le plaignant avait produits pour sa cause.
Il est à noter également, d’après ce panéliste, que les plaignants sont plus enclins
à porter plainte pour diffamation que pour diffusion de fausses nouvelles. Dans
le premier cas, l’organe de presse répond du délit de complicité avec l’auteur
des propos ou allégations rapportées et court le risque d’être condamné; dans le
second cas, le journaliste et le responsable du support médiatique sont souvent
en mesure de produire les preuves de leurs informations.

20 Dans la grande banlieue de Dakar.

BAROMETRE DES MEDIAS AFRICAINS SENEGAL 2013

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