BAROMETRE DES MEDIAS EN
AFRIQUE – CAMEROUN 2011
Résumé
Avec deux langues officielles (l’anglais et le français) et 20 millions d’habitants,
le Cameroun s’inscrit comme une nation biculturelle et bilingue unique dans la
sous région d’Afrique Centrale voire du continent africain. Ce caractère atypique
s’impose à tous les niveaux de la vie nationale et se ressent particulièrement dans
le secteur des médias. Il est fréquent au Cameroun que les gros titres en anglais
et en français se disputent la couverture du même journal ou magazine, que les
programmes télévisés et radiophoniques soient proposés en bilingue, ou qu’un
présentateur passe d’une langue à l’autre au cours de la même intervention.
Il est manifeste que le Cameroun présente une pluralité médiatique impressionnante
: environ 500 journaux et magazines répertoriés, une centaine de stations de radio,
un peu plus d’une dizaine de chaînes télévisées et 10 plates-formes multimédias ;
ce qui reste un record pour une population de 20 millions d’habitants. Certes, ces
statistiques ne représentent que partiellement les réalités du secteur médiatique
national en termes d’accès, de diversité, de professionnalisme, de propriété et de
normes éthiques. Cette cohabitation paradoxale entre une démultiplication des
organisations médiatiques et un développement du secteur encore insatisfaisant
s’explique par plusieurs facteurs. Ils touchent les normes professionnelles et
d’éthique médiatique suivantes : un fort conflit d’intérêts chez les journalistes et
les propriétaires des médias (lesquels profitent souvent de cet accès pour assouvir
des ambitions personnelles), un manque de modèle de réussite économique, et
une absence de syndicats organisés ou d’associations qui pourraient assurer aux
professionnels des médias une défense de leurs intérêts et de ceux de la profession.
Pour exemplifier la situation actuelle, on peut parler des mesures de
développement à long terme de l’industrie d’impression qui tentent de répondre
aux effets asphyxiants du monopole du réseau de distribution. Ne comptant qu’une
compagnie de distribution d’un journal privé, seuls les dépôts de distribution à
forte concentration de lecteurs sont retenus. Ainsi des zones entières du pays ont
été évincées. Pire encore, les coûts de distribution reviennent à 44% du prix de
revient, ce qui laisse les éditeurs bien démunis lorsqu’il s’agit de couvrir les frais
élevés de production (comme l’impression, les salaires des employés et les dépenses
de la direction). Les investissements dans le secteur audiovisuel sont freinés par
des coûts de licences prohibitifs atteignant 100 millions de francs CFA (ce qui
représente environ 210.000 Dollars US) pour ouvrir une chaîne de télévision
nationale.
Dans cette morosité ambiante, les nouveaux médias connaissent, eux, un
développement fulgurant au Cameroun (notamment les téléphones portables qui

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