SECTOR 1 1.2 Le droit à la liberté d’expression est effectif et les citoyens, y compris les journalistes, exercent leurs droits sans crainte. Après la libéralisation du secteur audiovisuel en 2000, l’émergence des talkshows radiophoniques et des débats tél��visés a permis de donner la parole aux Camerounais. Les critiques des talk-shows visent souvent les actions du gouvernement et les responsables de l’administration publique. Mais ces critiques restent assignées à la “tolérance administrative”, terme assez flou qui désigne le pouvoir de l’autorité publique à interdire ou fermer toute publication, radio, chaine de télévision ou à arrêter tout citoyen qui feraient publiquement des commentaires considérés comme des atteintes à l’ordre publique. Le recours à l’intimidation est assez répandu et la population hésite à parler publiquement. La diffamation criminelle pousse les journalistes à l’auto-censure. Même si les membres du grand public veulent partager leurs commentaires sur les questions nationales avec les journalistes, ils demandent généralement à rester anonymes. En 2010, se rendant à la capitale Yaoundé en taxi, un enseignant a été dénoncé par l’un des passagers, un agent secret, et arrêté par la police avant d’être maintenu en détention pendant plusieurs semaines. Il a été accusé d’offence présumée contre le Chef de la Nation suite à ses propos déplorant la fermeture des accès routiers lors des déplacements du Président. En février 2008, le Ministre de la Communication a suspendu la chaîne de télévision Equinox et son antenne radio Equinoxe Radio pour avoir programmé des émissions traitant de tensions sociales qui ont débouché sur des émeutes cette année-là. Les autorités ont affirmé avoir fermé ces stations car elles n’avaient pas de licences en règle. Pourtant, une semaine plus tard, les forces de sécurité envahissaient les locaux de Magic FM, une station de radio de Yaoundé, les accusant d’avoir laissé passer en direct des commentaires anti-gouvernementaux (1). A l’heure même de la rédaction de ce document (avril 2011), trois journalistes sont en attente de jugement dans la capitale économique, Douala, accusés d’avoir ‘illégalement obtenu’ des documents appartenant à la police judicaire. Même si la Constitution garantit la liberté d’expression, les journalistes et les citoyens ne peuvent exercer ce droit en toute sécurité. Il n’existe pourtant aucune loi officielle baillonnant la presse ou le public. Les problèmes émanent avant tout de l’excès de zèle de certains officiels qui peuvent trouver une échappatoire légale pour réduire au silence les voix anti-gouvernementales. BAROMETRE DES MEDIAS AFRICAINS CAMEROUN 2011 9