SECTEUR 4

4.1 Le niveau de traitement de l’information obéit aux
principes de base d’exactitude et d’impartialité
En général, au Cameroun, la qualité des informations publiées laisse à désirer. Dans
l’ensemble, aux dires des panélistes, la plupart des informations sont incomplètes,
dépourvues de toute objectivité, trompeuses, inexactes, sensationnelles, aux
opinions bien arrêtées et totalement fausses. «Certains journalistes vont jusqu’à
imaginer ou inventer des histoires», a déclaré un panéliste. En septembre 2017,
le CNC a rendu 22 décisions sur des infractions commises dans les médias et
presque toutes concernaient des informations tendancieuses, non vérifiées et
diffamatoires.
Selon les panélistes, plusieurs facteurs peuvent expliquer une telle médiocrité. Il
s’agit, entre autres, de la mauvaise formation d’un grand nombre de journalistes
qui entrent dans la profession à la recherche de la gloire ou de l’argent facile.
Avec des salaires bas ou inexistants, les journalistes ne disposent pas des
ressources nécessaires à la réalisation de reportages corrects et sont disposés à
tronquer des histoires moyennant une enveloppe financière. À titre d’illustration,
un panéliste a cité un déraillement de train qui a tué des centaines de personnes
en 2017. «Voilà un fait vécu avec plusieurs versions.» En d’autres termes, selon
ses insinuations, des forces extérieures contrôlent les informations publiées dans
les journaux.
Les fausses informations ont pris une nouvelle dimension avec les médias
sociaux. De plus en plus, les journalistes prennent les articles de WhatsApp, de
Facebook ou de Twitter et les publient ou les diffusent sans procéder à une
analyse approfondie ni à une vérification.
D’autres problèmes découlent de la manière dont sont gérées les salles de
rédaction. En effet, la plupart ne disposent pas de politiques écrites pour guider
les journalistes et les rédacteurs en chef sur ce qui est attendu d’eux. Dans de
nombreux cas, les propriétaires utilisent leur organe de presse pour leur propre
positionnement ou pour aider leurs alliés politiques et commerciaux. Comme
l’a déclaré un panéliste, «en général, il ressort clairement de certains articles
que certains journaux et journalistes sont contre ou favorables à certaines
personnalités et institutions publiques.» Le clientélisme a donc fait son nid
dans ce secteur. «De puissants groupes de pression sont tapis dans l’ombre et
influencent ainsi le contenu des journaux.»
En dépit de cette situation peu reluisante, les panélistes ont souligné qu’une
poignée de journalistes et de professionnels s’évertuent à rester professionnels.
Nombre d’entre eux, tant des médias privés que publics, ont remporté de
nombreux prix nationaux et internationaux, ce qui témoigne de la grande qualité
de leur travail et de leurs normes éthiques. De temps à autre, certains journaux
ont également fait montre de leur capacité à produire des contenus de bonne
qualité, exacts et équitables.

101

BAROMÈTRE DES MÉDIAS AFRICAINS CAMEROUN 2018

Select target paragraph3