SECTEUR 4 4.6 Les journalistes et les rédacteurs ne pratiquent pas l'autocensure dans l‘audiovisuelle privée et dans la presse écrite privée. La vedette de foot camerounaise, Samuel Eto’o Fils, a reçu beaucoup de presse négative en 2014 liée en partie à la Coupe du Monde de la FIFA au Brésil. Les histoires portaient notamment sur le rôle qu’il avait pu jouer dans la piètre performance du Cameroun pendant le tournoi, et sur une relation extraconjugale supposée qui aurait mal tourné. Les organisations de presse se sont littéralement nourris de la presse à sensation qu’il générait. Mais quelques semaines après la Coupe du Monde, tout s’est calmé. On pense qu’Eto’o a réussi à faire taire la presse grâce à une combinaison de gratification financière et de menaces de poursuites. Les rédacteurs de nombreuses salles de rédaction ont boycotté les histoires sur Eto’o et les reporters se sont montrés plus prudents dans les reportages sur le footballer multimillionnaire. Qu’il s’agisse d’histoires sportives anodines en apparence, d’actualités politiques courantes ou de questions très sensibles liées à l’État, les journalistes camerounais pratiquent des degrés divers d’autocensure. Les reporters sont généralement prudents lorsqu’ils font des reportages sur des affaires d’abus des Droits de l’Homme mettant en cause les forces de sécurité ou des agents publics puissants. L’autocensure sévit davantage dans les organes de presse publics en raison des contrôles rédactionnels stricts, par rapport au secteur privé où les reporters jouissent d’une plus grande liberté. Le fiasco de l’organisation d’une réunion des parlementaires du Commonwealth en 2014 où certains délégués ont été bloqués à l’aéroport de Yaoundé, par exemple, a été largement couvert dans les médias privés mais pas dans les médias publics. Souvent, personne ne donne l’ordre aux journalistes des médias publics de ne pas inclure des détails de cette nature ; ils savent simplement que c’est dans leur meilleur intérêt de le faire. « Les journalistes ont généralement peur lorsqu’ils couvrent certaines histoires. » Un panéliste a notamment raconté comment il avait été questionné par un agent de la sécurité, qui a commencé l’interview en dégainant une arme. « Les gens craignent pour leur vie, » a déclaré ce panéliste. 62 BAROMETRE DES MEDIAS AFRICAINS Cameroun 2014